Gaza : RSF s’alarme des graves accusations portées par l’armée israélienne contre six journalistes d’Al Jazeera et demande leur protection

Les forces armées de l’État d’Israël ont publié une série de documents censés démontrer l’appartenance de six journalistes d’Al Jazeera aux branches militaires du Hamas et du Jihad Islamique en Palestine. Reporters sans frontières (RSF) soutient que la seule publication de ces documents ne constitue aucunement une preuve suffisante d’affiliation, ni un permis de tuer.

Certains comptent parmi les derniers journalistes à couvrir l’offensive militaire israélienne au nord de l’enclave palestinienne, mais six journalistes palestiniens de la chaîne Al Jazeera sont accusés de terrorisme par le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraeea. Selon des documents prétendument saisis dans la bande de Gaza, et publiés, le 23 octobre, sur le site des forces armées israéliennes, ces reporters appartiendraient aux régiments de combattants du Hamas et du Jihad islamique en Palestine, deux mouvements inscrits sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, des États-Unis, de l’Australie, du Canada, du Royaume-uni, ainsi que de l’Égypte dans le cas du Hamas. Les tableaux rendus publics égrènent des matricules, des rangs, des dates de naissance et de recrutement, ou encore des blessures, sans qu’il ne soit toutefois possible d’authentifier ces informations, et mentionnent les noms de Talal Mahmoud, Anas al-SharifHossam ShabatAlaa SalamehAshraf al-Saraj et Ismail Abu Omar

 

Le 1er août dernier, l’armée israélienne avait porté des accusations similaires contre un autre reporter d’Al Jazeera à Gaza, Ismail al-Ghoul, tué la veille avec son collègue Rami al-Rifi dans une frappe israélienne. La cellule investigation de RSF avait démontré les incohérences des documents censés appuyer les accusations contre Ismail al-Ghoul.

"Nous sommes consternés par les accusations infondées des forces israéliennes selon lesquelles Al Jazeera et ses journalistes seraient liés à des groupes terroristes. Il s'agit clairement de représailles pour la couverture continue d'Al Jazeera de la guerre à Gaza, alors que les autorités israéliennes se sont efforcées d'éliminer systématiquement les journalistes et le journalisme à Gaza et dans les régions avoisinantes. Ces six reporters courent désormais un risque élevé d'être pris pour cible et ont besoin d'une protection urgente. Alors que plus de 140 journalistes ont déjà été tués depuis le début de la guerre, chaque voix restante joue un rôle de plus en plus vital pour montrer au monde ce qui se passe à Gaza. L'assassinat ciblé de journalistes est un crime de guerre. Cette violence doit cesser immédiatement.

Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF

Assauts contre le média le plus influent du monde arabe

À la suite de ces accusations contre les six journalistes d’Al Jazeera, l’armée israélienne a publié, jeudi 24 octobre, des documents censés attester de l’affiliation de la chaîne d’information au Hamas, affirmant que des directives éditoriales directes avaient été données par le Hamas palestinien à la chaîne d’information internationale basée à Doha. 

Depuis le début de la guerre à Gaza, les autorités israéliennes ciblent de manière récurrente la télévision qatarienne, accusée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou d’avoir activement participé aux attaques du 7 octobre 2023.

Premier jalon de cette escalade contre le média le plus influent du Moyen-Orient, avec des programmes en anglais comme en arabe, le parlement israélien a voté, début avril 2024, une loi interdisant aux médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’État de diffuser en Israël. Le mois suivant, le gouvernement israélien a décidé à l’unanimité de fermer le bureau d’Al Jazeera à Jérusalem-Est, entraînant la révocation des cartes de presse de plusieurs journalistes de la chaîne. Le 22 septembre, une nouvelle attaque contre la chaîne se joue en plein direct. Des soldats israéliens interrompent à l’antenne Walid Al-Omari, le chef du bureau d’Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie occupée, à la suite d’un ordre de fermeture de ce bureau pour une période de 45 jours renouvelable.

Deux journalistes d’Al Jazeera nécessitent une évacuation urgente de Gaza

Alors que la télévision qatarienne constitue l’un des rares médias internationaux à consacrer la majeure partie de ses programmes au conflit en cours à Gaza, nombre de ses journalistes ont été tués par l’armée israélienne dans l’exercice de leur métier. Deux d’entre eux, Ali al-Attar et Fadi Alwahidi, sont toujours à l'hôpital dans un état critique, nécessitant d'urgence une évacuation médicale pour sauver leur vie. RSF reste mobilisée, aux côtés du Committee to Protect Journalists (CPJ) et de Free Press Unlimited (FPU), pour obtenir une autorisation de sortie de Gaza de la part des autorités israéliennes, afin que ces journalistes puissent quitter le territoire en toute sécurité pour bénéficier de traitements médicaux à l’étranger.

Depuis le le 7 octobre 2023, plus de 140 journalistes ont été tués à Gaza par l’armée israélienne, selon le décompte réalisé par RSF.

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