Zimbabwe : Hopewell Chin’ono reste en prison
Alors que la justice zimbabwéenne vient de lui refuser sa demande de mise en liberté provisoire, Reporters sans frontières (RSF) condamne avec la plus grande fermeté l’acharnement dont le journaliste d’investigation fait l’objet depuis son arrestation pour un simple tweet il y a plus d’une semaine.
Hopewell Chin’ono dormira de nouveau à la prison de haute sécurité d’Harare dans les jours qui viennent. Le journaliste d’investigation zimbabwéen, vainqueur du prix CNN du journaliste africain de l’année 2008, a été arrêté le 3 novembre dernier. Il est accusé d’outrage à la Cour et d’entrave à l’exercice de la justice après la publication d’un tweet dans lequel il disait avoir été informé par l’une de ses sources que la très controversée présidente de la fédération des mines, une cacique du pouvoir sous Robert Mugabe, pourrait être remise en liberté conditionnelle après avoir récemment été arrêtée pour le vol de plusieurs kilos d’or.
Pour son avocat Doug Coltart, joint par RSF, il s’agit de “représailles” et d’une tentative de réduire au silence celui qui est “à l’avant-garde de la lutte contre la corruption” dans le pays. Il a indiqué son intention de faire appel de cette décision.
“Ce dossier est complètement vide. Le traitement dont fait l’objet ce journaliste, déjà détenu près de six semaines il y a quelques mois, et qui dort aux côtés des criminels les plus dangereux du pays, relève clairement d’une volonté de le faire taire, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous condamnons fermement et sans réserve le harcèlement judiciaire dont il fait l’objet et appelons à sa libération sans condition. Cette nouvelle arrestation témoigne malheureusement de l’héritage répressif contre la presse caractéristique de l’ère Mugabe et dont les nouvelles autorités tardent à se débarrasser.”
Accusé d’avoir incité à un rassemblement contre le régime, Hopewell Chin’ono a récemment passé près d’un mois et demi en détention. Son arrestation en juillet 2020 était intervenue peu de temps après sa participation aux révélations d’un énorme scandale de détournements d’argent public relatif à l’achat de matériel médical destiné à la lutte contre le coronavirus. Ces révélations avaient abouti au limogeage du ministre de la Santé. Remis en liberté provisoire dans le cadre de cette affaire, le journaliste reste poursuivi. Son procès débutera le 7 décembre.
Malgré la chute de Robert Mugabe en 2017 et les promesses de changements, la situation de la liberté de la presse demeure préoccupante au Zimbabwe. Le pays occupe la 126e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.