Zimbabwe : RSF appelle la police à tout faire pour élucider le meurtre du journaliste d’investigation Watson Flexy Munyaka

Le journaliste d’investigation Watson Flexy Munyaka est mort le 17 mars, après avoir été brutalement jeté d’une voiture en marche. Reporters sans frontières (RSF) condamne ce meurtre ignoble et appelle les autorités zimbabwéennes à tout mettre en œuvre pour que l’enquête menée aboutisse à élucider ce crime et à traduire en justice tous les responsables.

Violence inouïe contre un journaliste d’investigation à Marondera. Le 17 mars, le corps de Watson Flexy Munyaka est retrouvé dans le quartier central de cette ville située au sud-est de la capitale zimbabwéenne Harare. Il venait d’être violemment jeté d’un véhicule 4x4 en marche, en plein après-midi. Le journaliste a été transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté. 

Watson Flexy Munyaka était l’un des fondateurs de Dug Up, un collectif de journalistes d’investigation indépendants lancé en septembre 2024 pour enquêter sur la corruption et les crimes au Zimbabwe. “Watson était notre homme de terrain. C’est lui qui nous permettait de mener des enquêtes approfondies au Zimbabwe”, confie à RSF Maynard Manyowa, producteur principal du collectif basé au Royaume-Uni. Quelques jours auparavant, Dug Up venait de publier un reportage sur l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique (ZANU-PF), le parti au pouvoir, ainsi que des vidéos sur les tensions internes entre le président et son vice-président.

La police a ouvert une enquête le 17 mars pour déterminer les raisons et les circonstances du meurtre.

Lutte contre la corruption, trafic de drogue, braconnage, etc. Les affaires sur lesquelles enquêtait Watson Flexy Munyaka étaient sensibles et d’intérêt général. Son meurtre odieux, qui met en lumière le climat de violence auquel sont confrontés les journalistes d’investigation au Zimbabwe, ne doit pas rester impuni. RSF exhorte la police à tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur ce meurtre, identifier les responsables et les traduire en justice.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Entre 2017 et 2019, Watson Flexy Munyaka travaillait comme journaliste pour Khuluma Afrika, un centre de journalisme d'investigation basé à Harare, où il avait notamment dénoncé le braconnage d'ivoire dans le pays. En 2018, il était régulièrement invité sur Power 987 FM, une station sud-africaine, où il analysait des événements d'actualité.

Depuis le lancement du collectif Dug Up en septembre 2024, le journaliste de 38 ans enquêtait sur plusieurs affaires sensibles, notamment sur Delish Nguwaya, un homme d’affaire impliqué dans un scandale de drogue et de corruption durant la pandémie de Covid-19, et Walter Magaya, un prédicateur accusé d’avoir vendu un faux remède contre le VIH et d’être impliqué dans deux décès. Ces investigations devaient être publiées en avril sur la chaîne YouTube de Dug Up.

Vague de répression contre les journalistes critiques 

Ce dernier acte de violence s’inscrit dans un contexte de répression croissante contre des journalistes critiques au Zimbabwe. Le journaliste Blessed Mhlanga, du média indépendant Alpha Media Holdings, est détenu depuis le 25 février. Il est accusé abusivement d’“’incitation à la haine” pour avoir couvert une conférence de presse au cours de laquelle le vétéran de guerre Blessed Geza critiquait le président, Emmerson Mnangagwa.

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