Afrique
Guinée-Bissau
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Classement 2024
92/ 180
Score : 55,95
Indicateur politique
88
48.26
Indicateur économique
116
39.38
Indicateur législatif
88
61.92
Indicateur social
114
54.05
Indicateur sécuritaire
92
76.13
Classement 2023
78/ 180
Score : 61,57
Indicateur politique
81
56.09
Indicateur économique
61
51.72
Indicateur législatif
59
70.05
Indicateur social
84
65.06
Indicateur sécuritaire
98
64.95

En Guinée-Bissau, ces dernières années, la forte dégradation du contexte sécuritaire pour la presse ainsi que les pressions politiques et économiques ont mis l’exercice du journalisme à rude épreuve.  

Paysage médiatique

La relative diversité du secteur médiatique bissau-guinéen est caractérisée par une forte polarisation. Les médias gouvernementaux, qui subissent une très grande influence des pouvoirs publics, sont : la télévision nationale, qui peine à couvrir tout le territoire, la radio nationale, le journal No Pintcha et l’agence de presse de la Guinée-Bissau. Le pays abrite également 88 radios privées ou communautaires, des journaux privés et un faible nombre de médias en ligne. 

Contexte politique

Les journalistes doivent faire face à une instabilité politique chronique. Quelques jours après les affrontements de novembre 2023, des hommes armés en tenue militaire ont fait irruption dans les locaux des stations de télévision et de radio publiques sur ordre du président Umaro Sissoco Embaló, pour ordonner la diffusion d’une séquence d’information sur la dissolution du Parlement. Un ancien directeur de la radio nationale a ensuite repris de force la direction du média sur ordre du chef de l’État, qui estimait le directeur en poste trop proche de l’opposition. Début 2024, le président a également demandé au ministère de l’Intérieur de mettre en place des "brigades" chargées de surveiller les programmes radio et d'arrêter les personnes jugées insultantes. Ces dernières années, le président avait déjà menacé de fermer plusieurs stations de radio n’ayant pas d’autorisation définitive de fonctionnement. Il avait aussi traité les journalistes de “bouches à louer”.

Cadre légal

Si la Constitution garantit la liberté de la presse et dispose qu’elle doit être indépendante des intérêts économiques et politiques, ce n’est pas le cas dans la pratique. Il existe cependant une loi sur la presse et le statut de journaliste est reconnu dans le pays. Mais il n’y a pas de loi pour garantir l’accès à l’information aux citoyens.

Contexte économique

La publicité dans les médias et les ventes de journaux sont très faibles. Certains journalistes n’assurent la couverture d’évènements que quand ils sont pris en charge par l’organisateur. Dans certaines radios, beaucoup d’émissions ne sont diffusées qu’après le paiement d’une somme forfaitaire. Les médias gouvernementaux, supposés avoir plus de moyens, ne sont pas épargnés par les difficultés économiques. Avec un salaire mensuel moyen de 50 euros, beaucoup de journalistes se voient obligés de s’affilier à un parti politique pour survivre. Les patrons de la grande majorité des radios communautaires et des radios privées, très fragiles économiquement, ont été menacés de prison s’ils ne s'acquittaient pas de la somme de 380 euros correspondant à la licence.    

Contexte socioculturel

Les médias sont très souvent obligés d’exercer une forme d’autocensure, notamment sur des sujets jugés sensibles, comme le trafic de drogue. Les détournements de fonds et la corruption, qui n’épargnent pas les journalistes, font partie des sujets peu ou pas traités. 

Sécurité

Les journalistes sont régulièrement exposés à des agressions physiques, et les rédactions sont exposées au saccage. Les journalistes peuvent aussi faire l’objet de violentes campagnes de harcèlement en ligne, notamment sexistes. Les radios, surtout les stations indépendantes, sont souvent menacées d’être suspendues. En 2023, Capital FM, l’une des radios les plus écoutées du pays, a dû arrêter ses activités durant sept mois, accusée de ne pas avoir renouvelé une taxe annuelle.