Bien que la liberté de la presse soit garantie par la Constitution, le gouvernement, l’Église orthodoxe ainsi que les intérêts commerciaux ont une influence significative sur les médias à Chypre. Le différend de longue date qui oppose les Chypriotes grecs et turcs exerce également une influence non négligeable sur le fonctionnement des médias.
Paysage médiatique
Chypre compte plusieurs quotidiens (Phileleftheros, Alithia, Haravghi, etc.), des hebdomadaires, des chaînes de télévision et des stations de radio. Mais deux des quatre plus grands journaux sont affiliés à des partis politiques. L’ingérence directe dans les choix éditoriaux, la concentration grandissante des médias et le manque de transparence quant à la propriété des médias imprimés et numériques portent atteinte au pluralisme et poussent les journalistes à l’autocensure.
Contexte politique
Bien que l’intégrité et la sécurité physiques des journalistes ne soient pas menacées, les médias sont la cible d’attaques verbales de la part de responsables politiques, ce qui contribue à entraver la liberté d’expression. Les relations informelles entre politiciens et propriétaires des médias renforce l’ingérence directe dans le travail éditorial, de même qu’un sens du devoir et de la loyauté très répandu envers le gouvernement sur la question chypriote. Le gouvernement nomme le conseil d'administration du diffuseur public.
Cadre légal
La diffamation n’est pas considérée comme un crime, mais le procureur général peut autoriser les poursuites criminelles contre un média. Il existe des garanties réglementaires pour la protection des sources et l’autonomie éditoriale est garantie, mais les mécanismes ou procédures visant à protéger les journalistes et à prévenir les ingérences politiques sont limitées. La législation protège les communications privées, mais il n’existe pas de règles claires sur l’utilisation de dispositifs d’interception pour des raisons de sécurité nationale. Les poursuites civiles pour diffamation contribuent à l’autocensure et découragent les journalistes d’investigation.
Contexte économique
Le marché publicitaire restreint et la récente crise économique ont rendu les médias de plus en plus vulnérables aux influences des intérêts commerciaux. En outre, de nombreux propriétaires de médias ont des participations dans d'autres secteurs de l’économie ou sont directement impliqués dans la politique. La dépendance des médias à l'égard de la publicité et des soutiens financiers a accru l'influence des entreprises et des propriétaires sur le contenu éditorial. Le fait que les médias privés dépendent des subventions de l’État – dont l’attribution n’est pas transparente – et que les radiodiffuseurs publics dépendent du financement public menace également l’indépendance éditoriale et renforce l’autocensure.
Contexte socioculturel
La question chypriote est taboue et tous les journalistes sont censés être tenus à un devoir de loyauté envers le gouvernement à ce sujet. Les reporters qui remettent en question la ligne officielle sont souvent qualifiés de "traîtres". L'État interdit également l'utilisation de certains termes liés au problème chypriote.
Sécurité
Le pays ne connaît pas de détention arbitraire ou d’assassinat de journalistes, mais on assiste régulièrement à des attaques verbales par des représentants de l'État envers les médias, ce qui affecte la liberté d'expression. Bien qu'il n'y ait pas de menaces ou d'attaques physiques graves, les journalistes sont aussi, souvent, victimes de harcèlement en ligne. Il existe des allégations de surveillance par l’État, et de piratage des appareils et des archives électroniques d'un journaliste auteur d’un livre sur la corruption, mais l'enquête policière n'a produit aucun résultat.