Mesdames et Messieurs les candidats, il faut vous engager pour la liberté et l’indépendance de la presse !

Reporters sans frontières (RSF) a été reçue par plusieurs candidats à la présidentielle française. L’occasion pour l’ONG de porter ses cinq recommandations phares et de demander des engagements concrets pour la liberté d’informer en France.

A mesure que l'élection approche, les attaques contre la presse redoublent d’intensité. C’est dans ce contexte que RSF a sollicité les 11 candidats à la présidentielle afin de porter ses recommandations. Les équipes de Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Nathalie Arthaud ont reçu le secrétaire général de l'organisation Christophe Deloire. Les autres candidats n’ont pour l’heure pas souhaité recevoir l’ONG, malgré plusieurs relances.



La liberté d’informer mérite d’être défendue et s’impose dans le contexte actuel marqué par des attaques d’une rare violence contre les médias et les journalistes, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Les entraves et obstacles réguliers au travail des journalistes que nous observons de plus en plus souvent ne sont pas acceptables et dignes d'un grand pays démocratique”.



Cinq recommandations phares ont été présentées aux candidats. A l’heure où une part immense de la production d’informations en France est aujourd’hui entre les mains de huit milliardaires financiers ou capitaines d’industrie dont le coeur d’activité n’est pas l’information, RSF a rappelé l'importance de lutter contre la concentration des médias et d'assurer la transparence de leur propriété.



RSF les a également interpellés sur la protection du secret des sources, vitale dans une démocratie et s’est indignée que l'accès aux documents administratifs, qui appartiennent aux citoyens parce que leur contenu relève de l'intérêt général, soit à ce point inopérant en France. Enfin, RSF appelle à la création d'un délit de trafic d'influence appliqué au champ de l'information et à lutter contre les procédures abusives contre les journalistes.


L'ONG s’est également alarmée auprès des candidats que des journalistes qui font leur travail d’enquêteurs soient régulièrement livrés à la vindicte de la foule ou désignés comme des cibles par de hautes personnalités.


Une campagne où les journalistes sont devenus des cibles


Insultes, dégradation de matériel, attaques physiques : à moins d’une semaine du premier tour de l'élection, le climat a continué de se dégrader dans les meetings du candidat Fillon. Lundi 17 avril à Nice, plusieurs journalistes se sont fait cracher dessus et molester.


D’autres candidats comme Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont eux aussi mis en cause les journalistes à de multiples reprises pendant la campagne. Des reporters ont été malmenés lors de réunions du Front National en février 2017 tandis que des responsables du parti d’extrême droite accusaient certains médias d’avoir obtenu des informations en corrompant des magistrats. Le candidat Mélenchon insultait quant à lui copieusement plusieurs journalistes en marge d'un rassemblement en mars 2017.


A côté de ses recommandations, RSF a également lancé avec le collectif “Informer n’est pas un délit”, une pétition "Liberté, égalité, informés" pour que l’indépendance de l’information soit garantie en France, qui occupe actuellement la 45e place du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.
Publié le
Updated on 21.04.2017