Menace et injonctions du Premier ministre contre le journal Malaysiakini
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Le Premier ministre Najib Razak, leader du parti politique majoritaire United Malay National Organisation (Umno), a menacé, le 15 mai 2014, d’attaquer en justice le site d’information Malaysiakini suite à la publication par le média de commentaires d’internautes au lendemain de la crise politique qui agite l'Umno à Terengganu (nord de Kuala Lampur). Il estime que les commentaires publiés relèvent de la diffamation et de la sédition, et portent ainsi atteinte à son image et à celle de son parti.
Le cabinet d’avocats Hafarizam Wan & Aisha Mubarak a adressé une lettre à Malaysiakini exigeant des excuses inconditionnelles, le retrait des articles jugés diffamatoires ainsi que la promesse de ne plus publier des commentaires qui contiendraient des “accusations généralement vides et des allégations de malveillance". Si le journal ne se plie pas à ces demandes, le cabinet d’avocat a indiqué avoir reçu des “instructions strictes” impliquant de porter l’affaire en justice.
“La menace de poursuites judiciaires de la part d’un Premier ministre dans l’exercice de ses fonctions à l’encontre d’un média constitue un dangereux avertissement pour la liberté de l’information”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. “En tant que personnalité publique, Najib Razak doit accepter la formulation de critiques à son encontre. D’autres solutions existent pour faire valoir une autre opinion et exprimer son désaccord, notamment le droit de réponse”, ajoute-t-il.
Contacté par Reporters sans frontières, le directeur de Malaysiakini, Steven Gan, explique que c’est une “première en Malaisie de voir un Premier ministre en fonction envisager de poursuivre en justice un média”.
La crise politique à l’origine de ces commentaires a commencé le 12 mai lorsque trois parlementaires ont quitté l’Umno en réaction au remplacement soudain d’Ahmad Said au poste de chef exécutif du gouvernement de l’Etat fédéral de Terengganu. La majorité a alors été brièvement menacée jusqu’à ce que les parlementaires réintègrent le parti suite à des excuses mutuelles de Najib Razak et d’Ahmad Said, évoquant des “malentendus”.
Le 15 mai également, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et du Gouvernement local Abdul Rahman Dahlan avait exigé que le Malaysiakini soit tenu responsable pour ses “articles malveillants”, estimant que le journal cachait ses opinions derrière les commentaires des lecteurs.
La Malaisie se situe à la 147e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016