Hong Kong: l’exécutif reconnaît enfin les médias en ligne

RSF salue la victoire des médias en ligne hongkongais, qui viennent d’obtenir une reconnaissance de principe après des années de bras de fer avec les autorités.

La cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam a récemment déclaré que le gouvernement allait ouvrir ses conférences de presse aux médias en ligne se conformant à des critères minimum de “professionnalisme”. Le changement, qui concerne au moins une dizaine de titres, était réclamé de longue date et devrait être effectif dans le courant du mois.


“Nous saluons cette décision qui va évidemment dans le bon sens, reconnaît Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF). Au XXIe siècle, il est impensable qu’on traite encore les médias en ligne comme des médias de seconde zone alors même qu’ils respectent tous les critères du journalisme: indépendance, distance critique, pluralité des sources”.


Cette décision, qui était inscrite au programme électoral de Carrie Lam, devrait mettre fin au bras de fer qui oppose depuis des années l’exécutif hongkongais à l’Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), soutenue dans sa revendication par le Club des correspondants étrangers (FCCHK) et de nombreuses organisations de défense des libertés dont Reporters sans frontières (RSF).


Un accueil prudent


Toute la question est de savoir quels critères seront retenus par les autorités, qui restent dans le vague en parlant d’un examen sur une base “raisonnable, juste et pratique.”“Nous espérons que les nouvelles règles créeront un terrain de jeu équitable pour tous les médias”, a déclaré Tom Grundy, rédacteur en chef du journal en ligne Hong Kong Free Press (HKFP). Shirley Yam, responsable du comité de la liberté de la presse à HKJA, partage cet accueil prudent et promet de “surveiller la mise en oeuvre (de la nouvelle) politique d’accréditation.”


Dans un contexte de polarisation entre un camp “pro-Pékin” et un camp “pro-indépendance”, les Hongkongais ont vu ces dernières années leurs médias traditionnels subir une ingérence croissante des autorités chinoises (Cf le dossier RSF: La main invisible de Pékin sur les médias hongkongais). En réaction, une poignée de journaux indépendants ont fait leur apparition sur le web, en anglais comme HKFP, et en chinois comme inMedia, HK 01, The Initium, Post 852, Stand News et Citizen News.


Le refus des autorités d’accréditer ces nouveaux médias était largement perçu comme une mesure d’intimidation vis à vis de titres souvent critiques de l’exécutif et de ses liens avec les autorités chinoises. Dans le Classement RSF de la liberté de la presse, Hong Kong n’en finit pas de chuter, passant du 18e rang mondial en 2002 au 73ème rang cette année.

Publié le
Updated on 02.10.2017