Deux journalistes arrêtés pour avoir évoqué la santé de Robert Mugabe
Reporter sans frontières (RSF) condamne l’arrestation de membres de l'équipe du journal NewsDay au Zimbabwe pour “insulte au président” et demande l’abandon des charges à leur encontre.
Ce vendredi 3 mars, la police a arrêté trois personnes du quotidien indépendant NewsDay : Wisdom Mudzungairi, le rédacteur en chef ; Richard Chidza, journaliste et Sifikile Thabete, juriste de l’entreprise. Tous trois sont accusés d’insultes envers le président Robert Mugabe. Cette arrestation arrive au lendemain d’un article paru le 2 mars sur la visite pour raison médicales du président à Singapour.
Dans l’article, le journaliste avançait que, selon certaines sources, le président ne souffrait pas seulement de son âge avancé (il a 93 ans), mais également d’un cancer de la prostate.
Alpha Media Holdings - l'entreprise éditrice de plusieurs journaux dont Newsday, The Standard and The Independent - est également poursuivie.
Depuis ils sont retenus à la police judiciaire et devraient comparaître demain, selon leur avocat. Selon l’article 33 du code pénal qui permet de condamner pour “déstabilisation et insulte contre le bureau du président”, les trois hommes encourent une peine de prison d’un an.
En octobre 2013 déjà, la cour suprême a jugé que cet article du code pénal portait atteinte à la liberté d’expression et était anticonstitutionnel. Et alors qu’elles ne mènent plus jamais à des condamnations, les arrestations pour ce motif se poursuivent. Les organisations de défense des droits de l’Homme estiment que cette loi est exclusivement utilisée comme moyen de pression sur les journalistes et musèle la liberté d’expression.
Prédateur de la liberté de la presse, le président Robert Mugabe, est au pouvoir depuis 1987. Son pays est classé au 124ème Classement 2016 de la liberté de la presse établi par RSF.