Reporters sans frontières publie avec cinq organisations de défense de la liberté de la presse un rapport d'enquête sur les Maldives. Ce rapport salue les progrès effectués depuis un an, mais dénonce les nombreux cas de détention, violences ou menaces contre les journalistes. Le rapport propose une série de modifications aux lois sur la presse actuellement en discussion devant le Parlement
Du 3 au 7 mai 2006, la Mission pour la liberté de la presse dans le monde (International Press Freedom Mission), un groupe indépendant composé d'organisations internationales agissant pour la promotion des standards internationaux en latière de liberté d'expression et de la presse, s'est rendu aux Maldives.
La Mission a rencontré des responsables gouvernementaux, dont les ministres de la Justice et de l'Information, des médias (gouvernementaux, pro-gouvernementaux ou de l'opposition), des représentants de la société civile, des journalistes emprisonnés, la Commission pour les droits de l'homme (HRC) et des diplomates.
La délégation a été informée de cas évidents de harcèlement, d'intimidation et d'attaques contre les médias et les voix dissidentes du pays. Cependant, la Mission a noté l'apparition d'un espace de libre expression et le développement des médias indépendants au cours des 18 derniers mois. Les journalistes ont donc, malgré les pressions et restrictions, exercé leur rôle d'information auprès du peuple maldivien et accru ainsi la liberté d'expression dans le pays. Les mesures prises par le gouvernement pour assouplir les restrictions, notamment les procédures d'enregistrement et d'obtention de licence pour les publications privées, ont également contribué à la création d'un environnement plus libéral, même si le plus important reste à faire.
Bien que le gouvernement, suivant sa feuille de route de réformes, progresse vers plus de libertés, le projet de loi actuel sur la liberté de la presse ne répond pas aux standards internationaux. L'analyse de ce texte par la Mission montre que les restrictions à la liberté de la presse sont exprimées dans des termes trop vagues et généraux pouvant être aisément détournés à des fins politiques. Le projet de loi liste une série de crimes que peuvent commettre les médias et n'apporte pas de mesures suffisantes pour garantir la liberté de la presse. A cet égard, la Mission a offert son expertise au gouvernement et propose des modifications à ce projet de loi ainsi qu'à d'autres textes liés à la liberté de la presse.
La Mission a également pris acte de la décision du ministre de l'Information de faire de TV Maldives et de la radio La Voix des Maldives des médias de service public et a offert son soutien pour assurer qu'elles deviennent entièrement indépendantes. Le contrôle actuel des autorités n'assure pas l'indépendance éditoriale de ces médias.
La Mission a découvert de nombreux cas d'arrestation arbitraire, de détention, de harcèlement et d'intimidation de professionnels des médias. Des journalistes couvrant l'actualité politique ou sociale ont été victimes d'un usage excessif de la force par les services de sécurité. Dans tous ces cas, les forces de l'ordre ont agi en toute impunité. La Mission a également enregistré des cas d'intimidation verbale et de menaces de mort contre des journalistes, travaillant pour des médias indépendants ou publics, ce qui a des effets néfastes évidents sur la liberté de la presse.
La détention prolongée et l'assignation à domicile de nombreux journalistes est un problème très sérieux, tout comme les charges retenues contre cinq journalistes et rédacteurs travaillant pour le Minivan. De plus, la Mission a déploré l'abus des recours aux procédures d'Interpol contre des journalistes exilés et des médias maldiviens basés à l'étranger, le blocage des sites internet Divehi Observer et Maldives Culture et le brouillage de la diffusion en ondes courtes de Minivan Radio.