Un journaliste accusé de collaboration avec des groupes insurgés
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Reporters sans frontières demande des explications sur l'arrestation, le 27 avril 2014, du journaliste Syed Rahman Bekore. Correspondant de l'agence Wakht News dans la province de Kounar et membre de l’Association des journalistes indépendants en Afghanistan (AIJA), il a été interpellé dans la ville de Jalalabad (province de Nangarhâr) par des agents de la direction nationale de la sécurité, (National Directorate of Security, NDS). Le journaliste est accusé d’avoir collaboré avec des groupes insurgés.
Syed Rahman Bekore était accompagné par deux autres journalistes. Egalement arrêtés par les services secrets, ces derniers ont été relâchés quatre heures plus tard, mais Syed Rahman Bekore a été maintenu en détention puis transféré à Kaboul le lendemain. Agé de 50 ans, le journaliste a été emmené dans les locaux de la NDS à Kaboul, avant d’être transféré à la prison de la NDS à Jalalabad. Il est accusé de « collaboration avec des pays ennemis et des terroristes »
«Nous demandons à la Direction nationale de la sécurité des explications claires sur les charges qui pèsent contre ce journaliste et leur fondement”, déclare Réza Moïni, responsable du Bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières. “Nous comprenons l’importance des actions menées par les autorités responsables de la sécurité nationale dans un pays menacé par les terroristes. Mais les détenus ont également des droits qui doivent être respectés. Nous demandons que Syed Rahman Bekore beneficie de son droit à disposer d’un avocat et à recevoir des visites d’une délégation de représentants d’associations de journalistes et de sa famille”, ajoute Réza Moïni.
Plusieurs journalistes et collaborateurs de Syed Rahman Bekore ne croient pas ces “graves” accusations. Farida Nekzad, directrice de l'agence Wakht News a confié à Reporters sans frontières que “Syed Rahman Bekore (était) un journaliste très actif et sérieux, issu d'une famille d’intellectuels de renom”.
Un autre journaliste, sous couvert de l'anonymat, a déclaré à l’organisation : “Syed Rahman a vécu pendant dix ans vivait aux Pays-Bas, et est rentré en 2005 dans son pays pour l’aider. Il travaille pour plusieurs médias. Il écrit remarquablement bien et a toujours défendu la démocratie en Afghanistan ; je ne comprends pas ces accusations. Je le connais depuis des années. La seule explication à ces accusations pourrait être liée à ses activités pour l'un des candidats à l’élection présidentielle. Peut-être est-ce le camp adverse qui a monté ce dossier de toutes pièces.”
Contacté par Reporters sans frontières, le 13 mai 2014, Lotfollah Mashal, porte-parole de la NDS, a déclaré que le journaliste avait fait des aveux sur sa collaboration avec « les services de sécurité d'un pays voisin et transportait de l'argent du consulat de ce pays pour les taliban ». Le journaliste avait été privé de son droit de consulter un avocat.
Farida Nekzad et Khpolwak Sapai, president de l'AIJA, ainsi qu’un représentant de Reporters sans frontières, avaient prévu, le 14 mai, de venir voir le journaliste, dans la prison de la direction de la NDS, mais ils ont été informés le lendemain par Lotfollah Mashal que “Syed Rahman Bekore avait été transféré à la Jalalabad et la visite pouvait être organisée là-bas”. La NDS a le droit de maintenir pour "une période indéterminée tout suspect dans une affaire de terrorisme" mais le dossier étant presque complet, il sera envoyé samedi devant le procureur général, avait ajouté le porte-parole de la NDS.
En 2010 et le jour même des élections législatives, Hojatullah Mujadadi, avait déjà été arrêté par la NDS et accusé de collaboration avec les taliban. Le dossier de ce journaliste a été marqué par de graves abus et des mensonges éhontés de la part de certains responsables. Le journaliste avait finalement été acquitté le 19 janvier 2011 par la justice.
Publié le
Updated on
20.01.2016