RSF publie son rapport “Les journalistes palestiniens entre trois feux”
Alors que l’armée israélienne a lancé l'opération "Gardiens de nos frères", plus important déploiement de l'armée en Cisjordanie depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005, au cours de laquelle des médias palestiniens sont pris pour cible, RSF publie son rapport d’enquête intitulé “Les journalistes palestiniens entre trois feux”.
Cette étude, fruit de la mission effectuée fin 2013 dans les Territoires palestiniens, met en exergue le double étau qui menace la liberté d’information dans les Territoires : celui mis en place par Israël et son armée qui n’hésite pas à arrêter, voire à tuer des professionnels de l’information. Et celui qui résulte de la division en 2007 entre l’Autorité palestinienne et le Hamas. Division qui a officiellement pris fin avec l’accord signé par les deux factions, le 23 avril 2014, et la constitution d’un gouvernement d’union nationale.
Mais aujourd’hui, cette fragile entente semble mise à mal. Le récent enlèvement de trois jeunes israéliens en Cisjordanie, imputé selon Israël au Hamas, laisse craindre en effet un regain de tensions entre les deux frères ennemis. Sans pointer directement du doigt le Hamas, Mahmoud Abbas a lui-même dénoncé les intentions de divisions palestiniennes des auteurs du rapt. “Celui qui a enlevé les trois jeunes Israéliens cherche à nous détruire”, a ainsi déclaré le 18 juin, le président palestinien. L’accord du 23 avril donnait pourtant l’espoir de tourner la page de sept années de divisions qui ont profondément marqué la société palestinienne, notamment les médias. Quelles en seront les conséquences sur le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, qui semble plus que jamais au point mort ?
Les relations israélo-palestiniennes et l’avancée (ou non) du processus de paix impactent nécessairement les relations interpalestiniennes, avec d’importantes répercussions pour la société civile palestinienne, et par conséquent pour les médias historiquement politisés. Or, de par leur extrême polarisation, les journalistes et médias palestiniens sont à la fois victimes et acteurs d’un système pervers, contribuant ainsi à nourrir la “division” (Inqassam) au sein de la société palestinienne.
Comment sortir de cette spirale infernale ? Interrogés par Reporters sans frontières, journalistes, défenseurs des droits de l'homme, responsables d'ONG, diplomates en poste, ou personnalités politiques, tous partagent le même constat : les Territoires palestiniens sont l’un des endroits au monde où l’exercice du journalisme est le plus ardu. Sans avancée réelle dans le processus de paix israélo-palestinien ni pacification durable et effective entre factions palestiniennes, l'information tout comme la liberté de l'information ne sauraient s'améliorer.