RSF appelle les autorités à renoncer à l’instauration d’un “bureau de la censure”
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Reporters sans frontières exhorte les autorités soudanaises à ne pas mettre en œuvre les mesures de censure préalable de la presse écrite qu’elles viennent d’annoncer. Le 21 mai, le ministre de l’Information, Ahmed Bilal Osman, a annoncé la création prochaine d’un Haut Comité, qui serait placé sous la tutelle du ministère et composé de membres du cabinet de la présidence, du gouvernement et du parlement. Ce Haut comité sera chargé d’examiner, avant leur parution, tous les articles traitant d’affaires de corruption et d’autoriser ou non la publication des dits articles.
« L’idée que le gouvernement s’arroge le droit de contrôler le contenu des journaux en amont de la publication est intolérable. Nous appelons le ministre de l’Information à revenir sur sa décision, déclare Lucie Morillon, directrice de la Recherche à Reporters sans frontières. Le ministère affirme qu’il ne s’agit pas d’entraver la liberté de l’information mais de garantir la véracité des informations délivrées par les médias. Pourtant, au vu des nombreuses confiscations et suspensions qui ont touché les journaux soudanais depuis le début de l’année, tout laisse à penser que le gouvernement cherche en réalité un moyen de censurer les médias à priori, afin de prévenir toute publication d’informations qui pourraient s’avérer compromettantes pour les responsables du pays ».
Outre la déclaration du ministre de l’Information, le ministre de la Justice a également annoncé le retour de procédures systématiques en cas de publication d’articles traitant de corruption. Quand un journal publiera une information relative à une affaire de corruption, celle-ci pourra être immédiatement retirée de la publication le temps que la justice examine l’affaire dénoncée.
Ces deux déclarations sont survenues le lendemain de la suspension du journal Al-Saiha, qui avait publié un article dénonçant des faits de corruption concernant l’actuel sous-secrétaire d’Etat du ministre de la Justice.
Le Soudan est classé 172e sur 180 pays dans l’édition 2014 du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Photo : Ahmed Bilal Osman (ASHRAF SHAZLY/AFP/G)
Publié le
Updated on
20.01.2016