Multiplication des violences contre les journalistes

Reporters sans frontières exhorte les autorités bangladeshis à enquêter sérieusement sur les multiples agressions et menaces perpétrées à l'encontre de journalistes. « Il est impératif que les instigateurs de ces exactions soient punis afin que les professionnels des médias puissent à nouveau travailler en toute sécurité », a déclaré l'organisation. Le 17 mai 2005, vers 22h30, Syed Monjur Morshed, rédacteur en chef et directeur de publication du bimensuel anglais The Horizon, a été attaqué à l'arme blanche par quatre inconnus alors qu'il rentrait à son domicile de Goran, près de Dacca. Ses agresseurs se sont rués sur lui et l'ont frappé d'un coup de couteau à l'abdomen. Souffrant d'une grave hémorragie, le journaliste a été conduit à l'hôpital où il a subi une opération, le 19 mai. Témoins de la scène, les forces de sécurité sont restées passives durant l'agression. Morshed a donc décidé de ne pas porter plainte auprès de la police, persuadé de l'inutilité de cette démarche. Le journaliste avait fait l'objet de nombreuses menaces durant les quelques jours qui ont précédé son agression, suite à la publication d'un article dans lequel il dénonçait les actes frauduleux d'un entrepreneur immobilier, Iqbal Sazzad. Le journaliste avait également informé plusieurs grands quotidiens nationaux de malversations, qui, une fois révélées par la presse, avaient conduit à l'arrestation de l'entrepreneur. Reporters sans frontières est également profondément choquée par l'ignoble agression subie par GM Shahid, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Aparadh Barta et correspondant du quotidien Dainik Khobor Patra, le 21 mai, à Rupganj (près de Dacca). Vers 22h30, alors que le journaliste rentrait à son domicile en pousse-pousse, trois individus se sont emparés de lui en le menaçant avec une arme à feu, lui ont collé du ruban adhésif sur la bouche pour étouffer ses cris et l'ont conduit dans un cimetière. Ses assaillants l'ont alors frappé à coups de marteau et ont tenté de l'enterrer vivant. Comme le journaliste est parvenu à se débattre et à pousser des cris, les trois agresseurs l'ont finalement laissé sur place. Ce n'est que trois heures plus tard que des habitants sont venus lui porter secours et l'ont conduit chez un médecin où il a reçu les premiers soins. Cette attaque est très probablement liée à son activité journalistique. A Golachipa (sud du pays), Sumit Kumar Dutta, du quotidien Dainik Ittefaq, a été quant à lui la victime de menaces de mort proférées par un criminel connu de la région, Hye Gazi, qui reproche au journaliste ses articles sur des malversations qu'il a commises dans la commune. Hye Gazi a également menacé d'autres journalistes du même sort s'ils se hasardaient à écrire des articles décrivant ses activités. Sumit Kumar Dutta a porté plainte et demandé la protection des autorités locales.