Le Khartoum Monitor interdit de parution
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Reporters sans frontières lance un « appel pressant » à l'Organisation des Nations unies (ONU) pour que la liberté de la presse ne soit pas « le parent pauvre du retour à la paix au Soudan », après le retrait par la Haute Cour de Khartoum, le 12 juin 2005, de la licence du quotidien anglophone Khartoum Monitor, déjà soumis depuis quelques semaines à la surveillance étroite de la police.
« Quel acte de censure attend l'ONU pour exiger des autorités soudanaises le respect de la liberté de la presse ?, a déclaré Reporters sans frontières. Le gouvernement a l'audace d'afficher son attachement aux principes démocratiques, tout en soumettant la moindre voix discordante à la surveillance de la police ou au couperet de la justice. Depuis le 21 mai, le Khartoum Monitor ne pouvait pas paraître sans l'imprimatur d'agents de la sécurité d'Etat, après une lecture tatillonne. Aujourd'hui, le gouvernement a déterré une vieille affaire et manœuvré dans l'ombre pour faire taire le journal. Si la communauté internationale ne faisait rien pour faire fléchir les autorités soudanaises aujourd'hui, elle autoriserait ouvertement celles-ci à tenir à la gorge les journalistes indépendants du pays. »
Dans un courrier daté du 12 juin 2005, un juge de la Haute Cour, Ismat Sulaman Hassan, a ordonné le retrait de la licence de publication du journal anglophone Khartoum Monitor, l'un des trois quotidiens indépendants du Soudan. Son arrêt confirme une décision d'un tribunal de première instance, datée du 12 juillet 2003, qui avait suspendu la licence du journal après la publication d'une interview de l'ancien ministre soudanais Santino Deng, aujourd'hui décédé, accusant le gouvernement de pratiquer des formes d'esclavage. Cette suspension avait par la suite été levée par une cour d'appel et le journal avait pu reparaître normalement. Après l'arrêt de la Haute Cour, le directeur de publication du Khartoum Monitor, Alfred Taban, a déclaré qu'il ignorait que l'affaire avait été renvoyée devant une juridiction supérieure.
Le Khartoum Monitor, connu pour prendre la défense des populations du Sud, a déjà fait l'objet de mesures coercitives par le passé, comme de nombreux journalistes et publications du pays. Le 21 mai 2005, la sécurité d'Etat avait effectué une descente dans les locaux du journal, exigeant le retrait d'un article et d'un éditorial portant sur des affrontements meurtriers entre des civils originaires du Sud et du Darfour (Ouest) et la police anti-émeutes, dans un « camp de déplacés », au sud de la capitale. Le lendemain, la police avait annoncé à l'équipe dirigeante du journal que ses agents se présenteraient tous les soirs à l'imprimerie, afin de vérifier que l'édition en préparation ne contiendrait aucun article « dépassant la ligne rouge ».
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Updated on
20.01.2016