Le journaliste pakistanais Faizullah Khan condamné à quatre ans de prison en Afghanistan pour “entrée illégale sur le territoire”

En condamnant, le 13 juillet 2014, le reporter de la chaîne pakistanaise ARY News, Faizullah Khan, à une peine de quatre ans de prison pour “entrée illégale sur le territoire”, la justice afghane a-t-elle souhaité faire passer un message aux journalistes étrangers qui entreraient sur le territoire sans documents de voyage officiels? A moins qu’une peine aussi sévère prononcée par ailleurs par un tribunal spécial spécialisé dans les atteintes à la sécurité intérieure et extérieure ne soit un avertissement à l’égard des professionnels étrangers qui enquêteraient sur des sujets considérés comme “sensibles” ? Dans les deux cas, Reporters sans frontières et l’organisation pakistanaise demandent l’annulation de cette condamnation totalement disproportionnée en appel. “Une telle peine prononcée à l’encontre d’un journaliste est scandaleuse et disproportionnée, déclarent Iqbal Khattak, directeur exécutif de Freedom Network et Benjamin Ismaïl, responsables du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Craignant qu’une intervention des services de renseignement ne soit à l’origine de cette sévère sanction, nous demandons aux autorités des explications sur le recours à un tribunal spécial pour juger un délit administratif. Nous appelons par ailleurs la justice afghane à mieux prendre en compte le rôle des médias et des professionnels de l’information en tant que garants de l'intérêt public. Nous demandons enfin que les règles de visa pour les journalistes soient assouplies et que de telles autorisations soient accessibles à l’arrivée dans le pays.” Faizullah Khan a été arrêté par les autorités afghanes dans la province orientale de Nangarhar en avril dernier. Après s’être rendu à Peshawar à la fin du mois pour y interviewer des chefs de groupes talibans, il a subitement cessé tout contact avec ses collègues. Le 5 mai 2014, son arrestation a été rendue publique par les médias pakistanais. Le journaliste aurait été, par la suite, suspecté d’espionnage par les services de renseignement afghans (National Directorate of Security - NDS), mais aucune accusation formelle n’a été portée à son encontre. La question des Taliban est régulièrement à l’origine de tensions entre le Pakistan et l’Afghanistan, chacun critiquant la politique “laxiste” de son voisin à l’égard des Taliban ou s’accusant d’être à l’origine, voire d’être directement impliqué dans les attaques terroristes qui frappent les deux pays. L’Afghanistan est classé à la 128e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014.