Agé de 27 ans,
Kaled Aghah Yaghubi a été tué devant ses enfants. ”Vers 13 heures, on a sonné à la porte. Dès que son fils âgé de 4 ans a ouvert la porte, des hommes armés ont cherché le journaliste du regard et ont tiré”, a déclaré Ahmad Fahim Hagh Bin, le directeur de la radio. Selon la police, “une balle a atteint la gorge du journaliste, qui est décédé durant son transfert à l'hôpital.”
Depuis 2010, Kaled Aghah Yaghubi travaillait pour la station en tant que journaliste et animateur. Il avait récemment commencé à réaliser et animer une émission intitulée Tak Tak (un par un), qui traitait de problématiques sociales. Le chef de la police de la province de Balkh, Abdolrahman Rahimi, a déclaré aux médias que “les enquêteurs ont commencé leur travail et vont finir par trouver les assassins.”
“
Nous présentons nos condoléances à la famille et aux collaborateurs de Kaled Aghah Yaghubi. Nous demandons au gouvernement afghan une enquête sérieuse afin d’identifier au plus vite les meurtriers et les commanditaires de cet assassinat, déclare Réza Moïni, responsable du bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières.
Nous rappelons que l’impunité dont jouissent les auteurs des exactions à l’encontre des journalistes est l'une des raisons de l'augmentation de la violence contre les acteurs des médias dans le pays”.
Kaled Aghah Yaghubi est le quatrième journaliste tué depuis le début de l'année. Dans son dernier rapport concernant les six premiers mois de l’année 2014, la mission assistance des Nations unies pour l’Afghanistan
Unama, a recensé “une hausse de 24% du nombre de civils tués ou blessés dans des attaques et des actes de violence.”
Depuis le 5 avril 2014, date du premier tour de l'élection présidentielle, une vague de violences secoue en effet le pays faisant de plus en plus de victimes, parmi lesquelles des journalistes. Reporters sans frontières a recensé plus de 27 agressions physiques et des menaces à l’encontre de journalistes, perpétrées par les autorités locales, les proches des candidats, les membres des forces de police et les Taliban, dans plusieurs provinces du pays, de Mazâr-é Charif à Kandahar en passant par Hérât, Ghazni ou encore Kaboul.
Entre le 2 et le 14 juillet, cinq journalistes ont été victimes de ces violences ciblées et indirectes.
Le 14 juillet,
Seifolah Mafton, journaliste pour l'agence de presse indépendante
Pajhwok, a été agressé par des hommes armés qui l’ont violemment frappé avant de lui voler son matériel de travail. Le 3 juillet 2014,
Bashir Ahmad Nadem, également journaliste de
Pajhwok a été blessé suite à l'explosion d'une bombe durant l’attaque de Taliban contre un poste de police dans la ville de Kandahar. Le 2 juillet,
Edrice Amini, journaliste de
Saghi TV, chaîne locale située dans la ville de Hérât, a été agressé par deux individus peu de temps après avoir animé plusieurs émissions sur les fraudes électorales. La veille,
Rahmat Marjan Kheil, journaliste de l’agence de presse locale
Rana, était victime de la brutalité des gardes du corps du gouverneur de la province de Ghazni. Le jour de l'élection,
Shamssoldin Shamss, journaliste pour la chaîne
Mitra TV, a été violenté par des hommes proches de l'un des candidats, dans la ville de Mazâr-é Charif. Sa plainte contre ses agresseurs n'a pas été enregistrée par les autorités.
Malgré cette vague d’attaques, les journalistes afghans continuent de jouer un
rôle important et responsable dans la couverture des élections et de la crise post-électorale. De son coté, l’État a pris deux décisions décisives en faveur de la liberté de l'information en Afghanistan: le 30 juin 2014, le Parlement afghan a adopté la loi sur l’accès à l’information. Le conseil d’État a, pour sa part, émis un avis défavorable sur la proposition de certains responsables politiques de censurer les réseaux sociaux et Internet afin de contrôler les débordements en situation de crise politique.
L’Afghanistan est classé à la 128e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014.