Le harcèlement de elPeriódico : des autorités hostiles à toute critique
Organisation :
Directeur du quotidien elPeriódico, José Rubén Zamora est dans le collimateur des autorités depuis bientôt un an. Un temps poursuivi en justice par le président de la République Otto Pérez Molina, il demeure sous le coup d’une plainte de la vice-présidente Roxana Baldetti.
Ce harcèlement concerne également elPeriódico, d’abord avec le retrait en 2013 de la manne publicitaire officielle dont bénéficiait le quotidien. L’offensive continue, le quotidien faisant l’objet d’un audit fiscal depuis le 21 janvier dernier.
Le journal évolue dans un climat menaçant depuis plusieurs années, ayant subi des cyber-attaques dont l’auteur n’a toujours pas été identifié au moment de la publication de reportages dénonçant des cas d’abus de pouvoir et de corruption impliquant le gouvernement d’Otto Pérez Molina. Les proches de José Rubén Zamora ont été victimes de menaces anonymes par SMS, le 25 janvier dernier.
Le 10 janvier pourtant, le président Pérez Molina et la vice-présidente Baldetti avaient fait savoir qu’ils retireraient les plaintes déposées contre José Rubén Zamora. Cette promesse n’ayant pas été tenue à ce jour par la vice-présidente, Reporters sans frontières leur adresse cette lettre ouverte.
Paris, le 27 janvier 2014
Monsieur Otto Pérez Molina
Président de la République du Guatemala
Madame Roxana Baldetti
Vice-présidente de la République du Guatemala
Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, dénonce le harcèlement juridique et économique imposé au quotidien elPeriódico et à son directeur José Rubén Zamora. Le 21 novembre 2013, le président de la République Otto Pérez Molina a, à son tour, aggravé l’offensive contre le journal et son directeur en poursuivant pénalement celui-ci pour “coercition”, “extorsion”, “chantage”, “violation de la Constitution” et “outrage aux présidents des organismes de l’État”. Le journaliste s’est vu notifier une interdiction de sortie du territoire et ses comptes bancaires ont été gelés le 7 janvier 2014. Reporters sans frontières prend acte du retrait des plaintes du président Pérez Molina, et espère qu’il ne reviendra pas à la charge comme il avait menacé de le faire via un tribunal de l’honneur. C’est à la suite de la publication d’allégations relatives à des faits de corruption datés de 2008 la concernant, que la vice-présidente Roxana Baldetti a déposé contre José Rubén Zamora une curieuse plainte pour “crime contre les femmes”. Le journaliste s’est vu aussitôt interdire de contacter ou d’approcher du domicile de la plaignante. Le journaliste doit comparaitre en mars prochain. Les plaintes au pénal que vous avez déposées contre ce dernier apparaissent sans commune mesure avec les griefs qui pourraient être imputées à José Rubén Zamora. En quoi des allégations susceptibles, au pire, de donner lieu à des poursuites pour “diffamation” ou “calomnie” seraient-elles assimilables à des faits aussi graves qu’un acte de violence lié au genre. José Rubén Zamora ne fait qu’exercer son métier de journaliste en interrogeant des pratiques imputées à une personnalité exerçant une charge politique de premier plan, que de telles pratiques soient avérées ou non au final. Les accusations qu’il a pu relayer contre Mme Baldetti ne concernent pas l’identité féminine de cette dernière mais bien sa fonction de vice-présidente. Votre annonce, le 10 janvier, de l’abandon des poursuites pénales engagées contre José Ruben Zamora nous donnait à penser que vous aviez pris la mesure de leur effet dévastateur sur la liberté de l’information. Nous comprenons d’autant moins que vous n’ayez toujours pas tenu vos promesses à ce jour. Les manœuvres de censure, sous toutes leurs formes, émanant d’un État contre José Rubén Zamora et la rédaction d’elPériódico violent les libertés fondamentales garanties par la Constitution du Guatemala et la Convention américaine des droits de l’homme dont l’État guatémaltèque est signataire. A ce titre, l’action judiciaire engagée contre José Rubén Zamora doit être déclarée nulle et non avenue. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, l’expression de ma très haute considération. Christophe Deloire
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Slideshow: El Nuevo Diario
Monsieur Otto Pérez Molina
Président de la République du Guatemala
Madame Roxana Baldetti
Vice-présidente de la République du Guatemala
Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, dénonce le harcèlement juridique et économique imposé au quotidien elPeriódico et à son directeur José Rubén Zamora. Le 21 novembre 2013, le président de la République Otto Pérez Molina a, à son tour, aggravé l’offensive contre le journal et son directeur en poursuivant pénalement celui-ci pour “coercition”, “extorsion”, “chantage”, “violation de la Constitution” et “outrage aux présidents des organismes de l’État”. Le journaliste s’est vu notifier une interdiction de sortie du territoire et ses comptes bancaires ont été gelés le 7 janvier 2014. Reporters sans frontières prend acte du retrait des plaintes du président Pérez Molina, et espère qu’il ne reviendra pas à la charge comme il avait menacé de le faire via un tribunal de l’honneur. C’est à la suite de la publication d’allégations relatives à des faits de corruption datés de 2008 la concernant, que la vice-présidente Roxana Baldetti a déposé contre José Rubén Zamora une curieuse plainte pour “crime contre les femmes”. Le journaliste s’est vu aussitôt interdire de contacter ou d’approcher du domicile de la plaignante. Le journaliste doit comparaitre en mars prochain. Les plaintes au pénal que vous avez déposées contre ce dernier apparaissent sans commune mesure avec les griefs qui pourraient être imputées à José Rubén Zamora. En quoi des allégations susceptibles, au pire, de donner lieu à des poursuites pour “diffamation” ou “calomnie” seraient-elles assimilables à des faits aussi graves qu’un acte de violence lié au genre. José Rubén Zamora ne fait qu’exercer son métier de journaliste en interrogeant des pratiques imputées à une personnalité exerçant une charge politique de premier plan, que de telles pratiques soient avérées ou non au final. Les accusations qu’il a pu relayer contre Mme Baldetti ne concernent pas l’identité féminine de cette dernière mais bien sa fonction de vice-présidente. Votre annonce, le 10 janvier, de l’abandon des poursuites pénales engagées contre José Ruben Zamora nous donnait à penser que vous aviez pris la mesure de leur effet dévastateur sur la liberté de l’information. Nous comprenons d’autant moins que vous n’ayez toujours pas tenu vos promesses à ce jour. Les manœuvres de censure, sous toutes leurs formes, émanant d’un État contre José Rubén Zamora et la rédaction d’elPériódico violent les libertés fondamentales garanties par la Constitution du Guatemala et la Convention américaine des droits de l’homme dont l’État guatémaltèque est signataire. A ce titre, l’action judiciaire engagée contre José Rubén Zamora doit être déclarée nulle et non avenue. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, l’expression de ma très haute considération. Christophe Deloire
Secrétaire général de Reporters sans frontières
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Publié le
Updated on
20.01.2016