Le paysage médiatique israélien a été impacté par la nomination du nouveau gouvernement fin 2022, dirigé par un courant politique conservateur. Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l’armée israélienne le 7 octobre 2023, à la suite de l’attaque meurtrière du Hamas, alors que plus de 100 journalistes ont été tués en six mois par l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne, les pressions sur les journalistes en Israël se sont accrues. Les campagnes de désinformations et les lois liberticides se sont multipliées.
Paysage médiatique
En 2023, la chaîne de télévision d'extrême droite Channel 14 est devenue la deuxième chaîne la plus regardée en Israël, après Channel 12. Ynet est le site d’information le plus lu dans le pays et le quotidien Haaretz a une influence considérable, malgré un nombre limité de lecteurs et les pressions auxquelles ses journalistes sont confrontés. Autres quotidiens qui rivalisent dans le domaine de la presse écrite : Yedioth Ahronoth et Israel Today (Israel Hayom). Face à la faible représentation dans les médias de certaines franges de la population en Israël, des organes de presse dédiés notamment aux publics arabophones et russophones, ainsi qu'à la communauté juive orthodoxe sont apparus.
Contexte politique
Les personnalités politiques ont une influence importante sur les nominations dans les organes de régulation de la radiodiffusion Channel 14 est réputée être un média offrant une couverture très favorable au Premier ministre, avec peu de voix critiques. Depuis le début de la guerre avec le Hamas, une majorité de la presse israélienne relaie de plus en plus la propagande des autorités en faveur de la guerre et les voix critiques sont entravées. La couverture de la guerre à Gaza est largement empêchée : seuls les journalistes embarqués avec l’armée israélienne sont autorisés à entrer dans l’enclave.
Cadre légal
En vertu de la censure militaire israélienne, les reportages sur diverses questions de sécurité doivent être approuvés au préalable par les autorités. Outre la possibilité de poursuites civiles pour diffamation, les journalistes peuvent également être accusés de diffamation criminelle et d'"insulte à un fonctionnaire". En 2023, le Parlement a approuvé un amendement à la loi antiterroriste qui punit ceux qui "consomment systématiquement et continuellement des publications terroristes" ou qui diffusent "un appel direct à commettre un acte de terrorisme". Son interprétation large dans un contexte de guerre comporte des risques pour la liberté de la presse. Une deuxième loi, approuvée par le parlement en 2024, permet d'interdire la diffusion des médias étrangers qui menacent la sécurité de l’État.
Contexte économique
La plupart des médias en Israël sont détenus par de grandes entreprises ou des hommes d’affaires, sur lesquels il est difficile d’enquêter et qui les utilisent pour faire pression sur les régulateurs et les élus.
Contexte socioculturel
Les journalistes israéliens identifiés comme arabes font face à davantage d’intimidations en exerçant leur métier. Depuis le début de la guerre à Gaza, la répression des autorités envers ces journalistes s’est accentuée, mais aussi envers les journalistes étrangers ou israéliens qui tentent de couvrir la guerre à Gaza en dérogeant au discours du gouvernement. Des réseaux de criminalité organisée agissent pour restreindre la couverture de leurs activités criminelles et au sein de la presse ultra-orthodoxe, les femmes sont presque complètement exclues.
Sécurité
Les attaques provenant de la criminalité organisée et les brutalités policières lors des manifestations sont les principales inquiétudes pour la sécurité des journalistes en Israël. Les mesures de répression contre les journalistes couvrant les manifestations antigouvernementales se sont intensifiées depuis que le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, politicien d'extrême droite, a pris le contrôle de la police à la fin de l'année 2022. Le 7 octobre 2023, un reporter a été tué dans l'exercice de ses fonctions lors de l'attaque du Hamas, et les journalistes arabes qui couvrent la guerre depuis Israël font l'objet de menaces. Des dizaines de journalistes arrêtés en Palestine sont détenus dans les prisons israéliennes.