La pollution nucléaire provoquée par la flotte militaire russe en mer du Japon, est un enjeu bien trop grave pour que Moscou laisse les médias s'y intéresser de trop près. Plutôt que de traiter la menace écologique qui préoccupe les voisins de la Russie, il s'agit, avant tout, de faire taire la presse. Du fond d'une colonie pénitentiaire de l'Extrême-Orient russe, Grigory Pasko le sait : son incarcération est une mise en garde pour tous les journalistes. L'armée fait payer un lourd tribut à ceux qui osent la mettre en cause.
Déjà incarcéré pendant vingt mois, de 1997 à 1999, avant même d'être jugé, Grigory Pasko est à nouveau derrière les barreaux depuis décembre 2001. Pour les mêmes faits : avoir longuement enquêté et écrit des centaines d'articles sur la pollution due au quasi-abandon, avec la complicité du FSB (ex-KGB), des sous-marins nucléaires de l'armée russe et avoir rendu publiques des images de déversement de déchets radioactifs liquides par la flotte russe en mer du Japon. Ces images, filmées alors qu'il était correspondant pour le journal militaire Boevaya Vakhta et diffusées par la télévision japonaise NHK, avaient suscité de vives réactions internationales. Des faits qualifiés d'"espionnage" et de "haute trahison" pour le FSB, qui l'a fait condamner en 2001 par le tribunal militaire de Vladivostok. A Moscou, en juin 2002, la Cour suprême a confirmé sa peine de quatre ans de prison ferme. La plupart des recours sont à présent épuisés et Grigory Pasko est toujours en prison, en lieu et place des responsables de la pollution criminelle qu'il dénonçait.
Grigory Pasko est l'un des quelque 110 journalistes actuellement emprisonnés dans le monde pour avoir simplement voulu exercer leur métier. Dans le cadre des parrainages initiés par Reporters sans frontières, il est soutenu par plusieurs médias internationaux (M6, LCI, Le Nouvel Observateur, France Soir, RFI, Radio classique, France Culture, Phosphore, Le télégramme de Brest et de l'Ouest, le Club de la presse du Limousin, Essex Chronicle, Le Courrier, RTBF - Fréquence Wallonie et la Maison de la presse de Mons),
Plus de 500 journalistes ont été tués ces dix dernières années pour avoir tenté de nous informer. Dans de trop nombreux pays, un journaliste peut être assassiné ou passer plusieurs années en prison pour un mot ou une photo. Parce qu'emprisonner ou tuer un journaliste, c'est éliminer un témoin essentiel et menacer le droit de chacun à l'information, Reporters sans frontières et la Fondation de France ont choisi, à travers ce prix, doté de
7 600 euros, de récompenser un journaliste qui, par son activité professionnelle ou ses prises de position, a su témoigner de son attachement à la liberté de l'information.
Depuis sa création, ce prix a été décerné à Zlatko Dizdarevic (Bosnie-Herzégovine - 1992), Wang Juntao (Chine - 1993), André Sibomana (Rwanda - 1994), Christina Anyanwu (Nigeria - 1995), Isik Yurtçu (Turquie - 1996), Raúl Rivero (Cuba - 1997), Nizar Nayyouf (Syrie - 1998), San San Nweh (Birmanie - 1999), Carmen Gurruchaga (Espagne - 2000) et Reza Alijani (Iran - 2001).
Plusieurs lauréats ont depuis retrouvé la liberté. Parmi eux, le journaliste iranien Reza Alijani, libéré en décembre 2001, quelques semaines seulement après avoir reçu le 10e Prix Reporters sans frontières - Fondation de France.
Les cinq journalistes nominés pour la 11e édition de ce prix sont :
Gao Qinrong, journaliste de l'agence de presse officielle Xinhua, condamné, en avril 1999, à 13 ans de prison, pour avoir avoir enquêté et publié un article sur l'échec d'un projet d'irrigation dans la région de Yuncheng, province du Shanxi (Chine) ;
Bernardo Arévalo Padrón, fondateur de l'agence de presse privée Línea Sur Press, condamné à six ans de prison, en novembre 1997, pour "outrage" au Président, Fidel Castro, et au vice-président, Carlos Lage, qu'il avait qualifiés de "menteurs", après les avoir accusés de ne pas se conformer aux engagements pris lors d'un Sommet ibéro-américain (Cuba) ;
Michèle Montas, directrice de Radio Haïti Inter, engagée dans la lutte contre l'impunité depuis l'assassinat de son mari, le journaliste Jean Dominique, en avril 2000 (Haïti) ;
Grigory Pasko, journaliste pour le magazine écologique Ekologiya i pravo et ancien correspondant pour le journal militaire Boevaya Vakhta, condamné à nouveau à quatre ans de prison en 2001, pour avoir dénoncé le déversement de déchets radioactifs par la flotte russe en mer du Japon (Russie) ;
Myroslava Gongadze, journaliste de Radio Free Europe, lutte pour que soient identifiés et punis les assassins de son mari, Géorgiy Gongadze, rédacteur en chef du journal en ligne www.pravda.com.ua, assassiné en septembre 2000. Elle se bat pour aider à la création de mécanismes juridiques internationaux à même d'assurer la sécurité des journalistes et la liberté de la presse en Europe de l'Est (Ukraine).
En récompensant l'un de ces journalistes, emblématiques de la situation de la liberté de la presse dans leur pays, Reporters sans frontières et la Fondation de France alertent l'opinion publique sur son nécessaire engagement en faveur de la liberté de la presse.
Le Prix Reporters sans frontières - Fondation de France est décerné par un jury international, composé de :
Hamed Hamidzada (Afghanistan), Sabine Christiansen (Allemagne), Michael Rediske (Allemagne), Andrew Graham-Yooll (Argentine), Rubina Möhring (Autriche), Mainul Islam Khan (Bangladesh), Maung Maung Myint (Birmanie), Olivier Basille (Belgique), Colette Braeckman (Belgique), Zlatko Dizdarevic (Bosnie-Herzégovine), Sebastião Salgado (Brésil), Ricardo Gonzalez (Cuba), Fernando Castelló (Espagne), Vicente Verdu (Espagne), Domenico Amha-Tsion (Erythrée), Francis Charhon (France), Noël Copin (France), Laurent Joffrin (France), Elise Lucet (France), Alan Rusbridger (Grande-Bretagne), Guy Delva (Haïti), Alessandro Oppes (Italie), Ricardo Uceda (Pérou), M'Baya Tshimanga (République démocratique du Congo), Alexey Simonov (Russie), Alice Petrén (Suède), Laurence Deonna (Suisse), Sihem Bensedrine (Tunisie), Alla Lazareva (Ukraine), Ben Ami Fihman (Venezuela).
Dossier de presse et photos libres de droit disponibles sur le oufhjezmsy.tudasnich.de, rubrique « Espace presse - Téléchargement »
Contacts :
Reporters sans frontières - Lucie Morillon - tel : 01 44 83 84 74 -
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Fondation de France - Magali Mévellec - tel : 01 44 21 31 91 -
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