Condamné pour "diffamation", le journaliste William Tonet risque un an de prison
Organisation :
Reporters sans frontières dénonce la condamnation pour "diffamation", annoncée dans la soirée du 10 octobre 2011, du journaliste William Tonet, ainsi que la décision de la justice angolaise de le contraindre à verser aux plaignants dix millions de kwanzas (77 000 euros) dans un délai de cinq jours. S'il ne s'acquitte pas de cette somme, le journaliste devra purger un an de prison ferme.
Pour que l'appel interjeté par l'avocat de la défense soit étudié par le tribunal suprême, le journaliste doit de toute façon payer la somme de dix millions de kwanzas.
"Le juge de la Cour provinciale de Luanda a prononcé une peine incompréhensible. Le caractère diffamatoire de l'article n'est pas avéré et pourtant le journaliste doit dédommager les plaignants. William Tonet, dans le collimateur des autorités depuis longtemps, semble payer aujourd'hui le prix de son indépendance. Nous dénonçons également la connivence manifeste du juge avec les plaignants. La peine prononcée contre ce journaliste s'apparente à un avertissement et une intimidation à l'encontre de la profession toute entière", a déclaré Reporters sans frontières.
"Il est par ailleurs anormal que le journaliste doive payer la somme réclamée pour obtenir l'effet suspensif de la peine. En cas d'appel, l'effet suspensif de la peine devrait être immédiat", a ajouté l'organisation qui souligne que les journalistes venus couvrir l'audience ont été intimidés et empêchés de faire leur travail librement.
William Tonet est poursuivi pour un article publié en 2008 dans son journal Folha 8, dans lequel il accusait trois généraux de l'armée angolaise et le directeur général du service des douanes d'enrichissement illicite, de corruption et d'abus de pouvoir.
Son avocat, David Mendes, a dénoncé le caractère exorbitant de l'amende. "Pour un homicide, l'amende est de 200 000 kwanzas, voire de 700 000 si le juge force la note. Alors comment expliquer une condamnation à dix millions de kwanzas pour une diffamation, alors que nous avions démontré la réalité des faits évoqués dans l'article", s'est-il interrogé.
"Où allons-nous trouver cet argent pour payer les plaignants? Je préfère aller en prison", a pour sa part affirmé le journaliste.
L'association locale Associcao Justica Paz Democracia (AJPD), observatrice officielle de l'Union africaine en matière de droits de l'homme, a lancé une campagne de collecte de fonds pour payer l'indemnisation.
Photo : William Tonet
Publié le
Updated on
20.01.2016