Birmanie : violences et arrestations arbitraires contre deux reporters de l’agence Myanmar Pressphoto
La journaliste vidéo Hmu Yadanar et le photoreporter Kaung Sett Lin couvraient une manifestation dans l’ouest de Rangoun, la principale ville du pays, lorsqu'ils ont été violemment pris à partie par les forces de l’ordre, puis arrêtés. Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme face à l’escalade de la terreur qui frappe actuellement les journalistes birmans.
“Nous n'avons pas le droit de la voir. Tout ce que nous savons, grâce au médecin, c’est qu’elle est encore en vie, bien qu'inconsciente." Ce témoignage, relayé lundi 6 décembre par le site web The Irrawady, est l’une des seules informations disponibles sur l'état de santé actuel de la reporter Hmu Yadanar Khet Moh Moh Tun. Journaliste vidéo pour l’agence Myanmar Pressphoto, elle a dû subir une intervention chirurgicale dans un hôpital militaire de Rangoun après avoir été violemment interpellée par les forces de l’ordre, dimanche 5 décembre.
Un autre journaliste de la Myanmar Pressphoto Agency, le photographe Kaung Sett Lin, a également été arrêté lors de ce coup de filet. Tous deux couvraient une manifestation populaire organisée par le biais d’un “flash mob”, une mobilisation éclair sur les réseaux sociaux qui a réuni, dans la matinée du 5 décembre, une trentaine de manifestants dans le canton de Kyimyindaing, en banlieue ouest de Rangoun.
Sur les réseaux sociaux, une photo de Hmu Yadanar sur son lit d’hôpital, grièvement touchée à la tête, donne une idée de son état de santé, extrêmement préoccupant. Kaung Sett Lin a lui aussi été blessé lors de son interpellation.
Course en avant
“Dans leur course en avant dans la répression de la presse, les militaires birmans ajoutent à l’arbitraire implacable des arrestations une violence physique extrême à l’égard des journalistes, déplore le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Les noms de Hmu Yadanar et Kaung Settl Lin viennent s’ajouter à une liste d’au moins 49 journalistes actuellement maintenus en détention. RSF appelle la communauté internationale à envoyer un signal fort contre la junte qui a pris le pouvoir il y a plus de dix mois, en imposant un régime de sanctions strictes et ciblées contre ses responsables.”
Au lendemain de l'arrestation des deux journalistes, le 6 décembre, un tribunal de Naypyidaw, la capitale birmane, a condamné Aung San Suu Kyi, la cheffe du gouvernement démocratiquement élu en novembre 2020, à quatre ans de prison - prémisse d’une série d’autres condamnation qui pourraient voir l’icône du mouvement démocratique birman passer le reste de ses jours en détention.
La Birmanie se situe actuellement à la 140e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF début 2021.