Birmanie : arrestation du journaliste Thu Rein Kyaw, le soixantième professionnel des médias actuellement détenu
Cofondateur d’une agence de presse basée à Rangoun, dans le sud du pays, ce journaliste a été arrêté deux jours après le premier anniversaire du coup d’État qui a porté les généraux birmans au pouvoir. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que celle de tous ses confrères.
La répression continue, de manière implacable. Cofondateur de l'agence de presse Media Top 4, le journaliste Thu Rein Kyaw (ကိုသူရိန်ကျော်, en birman) a été arrêté dans l'après-midi du 3 février à son domicile de Rangoun, la principale ville du pays.
Selon des informations vérifiées par RSF, il a été interpellé par un escadron de militaires qui ont perquisitionné son appartement situé dans le canton d’Insein, une localité du nord-ouest de la ville devenue célèbre pour abriter la plus grande prison du pays, où au moins 14 journalistes sont actuellement détenus.
Le reporter avait déjà été l’une des premières victimes des militaires birmans, au lendemain de leur prise de pouvoir, il y a un an. Alors qu’il couvrait un rassemblement en faveur de la Tatmadaw, le nom de l’armée birmane, il avait été sévèrement battu par des individus non identifiés le 2 février 2021. Plusieurs photos avaient alors circulé, attestant de ses blessures, notamment à l’œil.
Thu Rein Kyaw devient le 60ème professionnel des médias à être maintenu en prison par la junte au pouvoir, selon le baromètre de RSF.
Litanie accablante
“Nous exigeons la libération immédiate de Thu Rein Kyaw qui, comme ses consœurs et confrères, paye le prix de sa liberté pour avoir tenté d'informer le monde sur le drame qui se passe en Birmanie, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. L'accablante litanie des arrestations de journalistes birmans ne peut plus laisser indifférents la communauté internationale, les sociétés civiles ou les milieux d’affaires qui traitent avec le pays. Il est plus que temps d’empêcher la junte birmane d’achever son processus de normalisation.”
En réponse au putsch de l’année passée, RSF a engagé un profond travail de plaidoyer qui a visé, entre autres, les multinationales opérant en Birmanie. Sur la quinzaine de groupes interpellés par RSF pour qu’ils cessent, par leur activité, de soutenir directement ou indirectement les crimes de la junte, plusieurs multinationales dont TotalEnergie, Chevron, Voltalia, Telenor et Ericsson ont finalement annoncé leur retrait prochain du pays.
La Birmanie se situe à la 140e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF au début de l’année 2021. Cette position, déjà peu reluisante, avait été établie avant le pic de répression.