Algérie : un journaliste de 77 ans poursuivi pour un article satirique
Le célèbre journaliste algérien Saad Bouakba fait l’objet d’une procédure judiciaire pour avoir écrit une chronique d’opinion. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une mesure disproportionnée.
Mise à jour du 18/10/2023 : Saad Bouakba a été condamné, ce 18 octobre 2023, à six mois de prison ferme sur la base de la loi sur la prévention et la lutte contre la discrimination et le discours de haine mais n’a pas été placé sous mandat de dépôt. Il reste donc en liberté jusqu’à la tenue du procès en appel dont la date n’a pas encore été communiquée. Dans cette affaire, le journaliste Salim Salhi a également été condamné à trois ans de prison ferme et à une amende, ainsi qu'Adel Lazizi. Zoubir Fadhel a lui été condamné à un an de prison ferme et à une amende. RSF dénonce cette série de condamnations contre ces trois journalistes et rappelle aux autorités algériennes leurs obligations en matière de respect de la liberté de la presse.
Après 48 heures de garde à vue, le journaliste renommé Saad Bouakba a été inculpé le 6 février 2022 sur la base de la loi sur la prévention et la lutte contre la discrimination et le discours de haine. L’éditorialiste arabophone âgé de 77 ans a également été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national, quatre jours après avoir publié sur le site d’Al Madar une chronique intitulée “Loin de la politique” qui traitait des rapports ambiguës du pouvoir avec le population. Son article jugé par certains offensant, ou pour le moins maladroit, a créé une violente polémique dans le pays.
"La question n’est pas de défendre le type d’ironie utilisée par Saad Bouakba, mais bien de faire garantir le droit de chaque éditorialiste et journaliste de pouvoir exprimer une opinion. Les poursuites judiciaires engagées contre ce célèbre journaliste sont totalement disproportionnées. Criminaliser le travail d’un éditorialiste reconnu, qui a 50 ans de carrière journalistique derrière lui, n’a pas de sens, mais un objectif : celui de faire comprendre que le moindre article d’opinion est passible de poursuites", assure Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord
Saad Bouakba, 77 ans, a entamé sa carrière de journaliste dans les années 1970 dans la presse publique algérienne, notamment les journaux El Moudjahid et Echaab. Il s’est rendu célèbre par ses chroniques “Point d’ordre” et “Le cri du coq” publiées dans plusieurs quotidiens arabophones, dont Echorouk et El Khabar. Concernant sa dernière chronique, le journaliste, qui assure que son texte a été mal compris, a adressé ses excuses en soulignant qu’il n’avait à aucun moment cherché à blesser ou à offenser qui que ce soit.