Irak : une chaîne de télévision suspendue après un reportage sur la corruption
La chaîne irakienne Al-Hurra a été contrainte de fermer ses bureaux après la diffusion d’une enquête sur la corruption dans le pays. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à la réouverture immédiate de la chaîne.
La sanction est tombée le lundi 2 septembre : l’Autorité irakienne de l’information et des communications a ordonné la suspension immédiate de la licence de diffusion de la chaîne Al-Hurra (financée par les Etats-Unis) pendant trois mois, après le tollé suscité par un reportage sur la corruption dans des institutions religieuses, diffusé deux jours auparavant.
L’Autorité a également exigé de la chaîne qu’elle présente des excuses publiques, considérant que ce reportage constituait un “mépris et un abus envers les symboles et les personnalités des institutions religieuses” ainsi qu’une “violation des lois de de l’audiovisuel”. Ces mesures sont “un dernier avertissement” avant des sanctions plus sévères, a également prévenu l’Autorité.
Dans un communiqué, Al-Hurra assure avoir mené une enquête “libre, professionnelle et équilibrée” sur le sujet et avoir “donné aux personnes et institutions concernées l’occasion de répondre, mais elles ont refusé”. La chaîne ajoute qu’elle reste disposée à leur donner la parole.
“Cette fermeture de chaîne confirme la difficulté de mener des enquêtes sur la corruption en Irak, particulièrement lorsque des personnalités et institutions symboliques du pays sont directement impliquées, déplore le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Nous appelons les autorités à revenir sur cette sanction disproportionnée et à permettre aux journalistes d’exercer leur métier d’informer le public.”
Au moins sept mouvements politiques ont poussé à la prise de sanctions contre Al-Hurra. Les Hachd Al-Chaabi, coalition paramilitaire chiite, ont dénoncé “la rhétorique agressive grandissante de plusieurs chaînes locales et internationales”, en particulier “la chaîne Al-Hurra liée au Pentagone”. Le mouvement Hikma, coalition parlementaire, y voit pour sa part de la “diffamation” envers les institutions religieuses. Enfin, l’ancien Premier ministre Haidar Al-Abadi a condamné “tout ciblage direct et indirect” de ces institutions.
L’Irak occupe la 156e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.