Acharnement des autorités contre la chaîne de télévision Raajje TV
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La Cour Suprême a ordonné une enquête criminelle à l’encontre du directeur de l’information et du PDG de la chaîne de télévision d’opposition Raajje TV, suite à la diffusion, le 19 octobre 2013, d’un programme jugé “offensant” à l’encontre du système judiciaire maldivien.
Reporters sans frontières regrette l’acharnement dont font preuve les autorités judiciaires à l’encontre de cette chaîne d’opposition. “Non seulement le chef d’accusation est fallacieux, mais l’enquête va être menée par la police, qui n’est pas l’autorité compétente en la matière. Comme l’ont souligné le Conseil des médias maldivien, le MDP et la commission de diffusion, cette affaire relève en réalité de la compétence du Conseil des médias. La police devrait se concentrer sur l’arrestation des auteurs et commanditaires de l’incendie qui a ravagé les locaux de la chaîne le 7 octobre dernier, plutôt que sur la qualité de ses programmes”, a déclaré l’organisation.
“Cette décision inconstitutionnelle qui intervient après l’échec de la police à protéger les locaux de la chaîne alors qu’elle avait été informée des menaces à son encontre, traduit l’endossement par les autorités des attaques visant à museler Raajje TV par tous les moyens. Depuis février 2012 et le changement de pouvoir, Raajje TV est bannie des conférences de presse du président et privée de la protection de la police lors de manifestations. Nous rappelons au gouvernement qu’il a le devoir d’assurer la liberté de l’information et l’indépendance des médias”, a ajouté l’organisation.
Contacté par Reporters sans frontières, Ibrahim Asward Waheed, directeur de l’information de Raaje TV a fait part de son inquiétude après que la chaîne a reçu, hier, de nouvelles menaces affirmant qu’elle serait de nouveau bientôt vandalisée. “Nous sommes tous très inquiets, et alors que j’ai rapporté ces menaces et demandé une protection policière supplémentaire, les autorités m’ont suggéré d’engager des gardes de sécurité privés” a t-il ajouté. Déjà lors de l’incendie, l’attitude passive de la police avait été vivement critiquée.
La Cour suprême a ordonné une enquête policière à son encontre ainsi qu’à celle de Yamin Rasheed, PDG de Raajje TV. La justice reproche à la chaîne la diffusion d’un programme qui aurait comparé le système judiciaire à la ville biblique de Sodome. Yamin Rasheed doit également être entendu suite à la diffusion le 19 octobre d’une émission relatant l’indépendance de la justice et une autre affaire liée à la diffusion d’un scandale sexuel.
Suite à cette mise en accusation, le Conseil des médias a publié un communiqué de presse le 25 octobre dans lequel il exprimait ses craintes qu’une enquête policière à l’encontre de médias ne suscite un sentiment de crainte et de malaise au sein des médias, et n’entrave leur liberté. Selon le Conseil, ce type d’affaires relève de sa propre compétence et de celle de la commission de diffusion. Le Parti démocratique (MDP) a également condamné cette décision inconstitutionnelle, et a appelé la Cour suprême à l’annuler.
La commission de diffusion, qui a également été investie de l’affaire, n’a reçu de la Cour suprême qu’un délai de dix jours pour rendre ses conclusions, alors que la loi prévoit un délai d’investigation de soixante jours, afin que le média accusé soit en mesure de répondre de ses actes.
Les Maldives se situent à la 103ème position sur 179 dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.
Publié le
Updated on
20.01.2016