Yémen : les milices armées Al-Islah interdisent un journal
Après avoir enlevé pendant plusieurs heures le distributeur du journal yéménite Al-Sharea à Taïz, les milices armées, liées au parti Islah, ont interdit sa parution en confisquant les exemplaires du jour. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un acte de censure inacceptable dirigé contre l’un des rares médias libres de la région.
Après plusieurs jours de menaces répétées et continues, les miliciens Al-Islah, proches des Frères musulmans, ont finalement retiré de la vente des exemplaires du quotidien Al-Sharea basé à Taïz dans l’Ouest du Yémen, a rapporté son rédacteur en chef Naif Hassan, le 5 décembre 2019.
Les miliciens Al-Islah avaient déjà enlevé le 25 novembre le distributeur du titre de presse, Zakaria Hassan Yasser, alors qu’il transportait avec son chauffeur les numéros du jour en bus, puis l’ont relâché le lendemain, sous la pression du syndicat des journalistes et des défenseurs des droits humains.
Selon Naif Hassan, des hommes armés se présentant comme des membres de la sécurité locale ont cherché à empêcher la diffusion du journal les jours qui ont suivi la libération du distributeur en menaçant des gérants de librairies et de kiosques de brûler leurs installations s’ils continuaient de vendre le titre.
“Les membres de la milice Al-Islah doivent cesser immédiatement d’interférer dans la distribution d’Al-Sharea et d’empêcher la circulation de l’information, dénonce Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). Les journalistes doivent pouvoir travailler dans de bonnes conditions et les lecteurs avoir accès librement aux fruits de leur travail pour une information libre et pluraliste.”
Le quotidien publiait régulièrement des informations relatives à la corruption des chefs locaux et avait entamé la parution d’une série d’enquêtes visant des cadres de Al-Islah. Naif Hassan a prévenu qu’il ne se laisserait pas intimider : “Nous n’arrêterons pas de distribuer le journal (...) et nous continuerons d’affirmer notre droit constitutionnel”, a-t-il réagi.
Le Yémen occupe la 168e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.