Yémen : deux journalistes recherchés par les renseignements à Taiz
Deux photojournalistes de Taiz au Yémen se retrouvent menacés par les renseignements militaires après avoir couvert l’affaire du massacre d’une famille, devenu scandale politique. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces intimidations et appelle les autorités à agir pour garantir leur sécurité.
Dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 août, des hommes armés ont encerclé le domicile de deux journalistes à Taiz, ville du sud du Yémen qui échappe au contrôle des rebelles Houthis. Le premier, Naeef Al-Wafi, collaborateur d’Al Jazeera, est parvenu à prendre la fuite et s’est réfugié dans un lieu tenu secret. Le deuxième, Taha Saleh, ancien collaborateur de Sky News Arabia aujourd'hui indépendant, ne se trouvait pas chez lui au moment des faits.
Cet assaut au domicile des deux journalistes intervient alors que les deux cameramen ont couvert une affaire qui a secoué la ville : le massacre et l'enlèvement des membres d’une famille dans le quartier résidentiel de Bir Basha. Selon la presse locale, les auteurs du crime appartiennent à l’Axe de Taiz, une brigade proche du parti Islah et de l'armée officielle (qui contrôle en partie la zone) et dont le commandant, Majid Al-Aaraj, est mort le 10 août à l’issue d’affrontements armés. La famille était depuis plusieurs semaines la cible de la milice en raison d’un conflit de propriété. Naeef Al-Wafi avait notamment soulevé la question de l’appartenance des auteurs du crime à l’armée nationale et Taha Saleh avait relayé les appels à la justice de la famille des victimes.
“RSF appelle à cesser immédiatement les menaces contre les journalistes Naeef Al-Wafi et Taha Saleh, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Il est absolument inadmissible que des groupes qui commettent des exactions se retournent contre les journalistes qui s’en font l’écho. Nous attendons des autorités qu'elles protègent ces professionnels de l’information."
Par ailleurs, du côté des zones contrôlées par les Houthis, deux journalistes indépendants ont récemment été enlevés. Le premier, Fahd AI-Arhabi, a été maintenu en détention du 12 juillet au 10 août à Sanaa pour avoir dénoncé un pillage commis par le groupe à Amran, située à 50 km au nord de la capitale. Le deuxième, Younis Abdulsalam, a été enlevé le 10 août et sa famille n’a plus de ses nouvelles.
Le Yémen occupe la 169e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.