Yémen : décès d’un journaliste captif des Houthis quelques jours après sa libération
Anwar al Rakan, un journaliste yéménite captif des Houthis, mortellement affaibli par ses conditions de détention, s’est éteint le 2 juin, à peine libéré. Le groupe retient encore au moins dix journalistes prisonniers. Reporters sans frontières (RSF) appelle les belligérants au Yémen à cesser leurs guerres de l’information et à libérer les journalistes prisonniers.
Les Houthis détiennent encore au moins dix journalistes et un journaliste-citoyen. Nulle information ne filtre à leur sujet. Et le bilan pourrait être plus important, les Houthis ayant pour habitude comme cela a été le cas avec Anwar al Rakan, de ne pas communiquer sur leurs agissements. D’après le témoignage de la famille d’Anwar al-Rakan évoqué par le Syndicat des journalistes yéménites, le journaliste a été épuisé physiquement par la faim, la torture et la maladie. Des photos du corps émacié d’Anwar al Rakan ont circulé sur les réseaux sociaux.
“Rien ne peut justifier les détentions arbitraires et la torture des journalistes, estime Sophie Anmuth, en charge du bureau Moyen-Orient à RSF. Les Houthis ont laissé Anwar al Rakan périr en détention sans lui apporter les soins dont il avait pourtant besoin ni prévenir sa famille à temps. Les journalistes qu’ils détiennent, pour certains depuis 2015, devraient être libérés immédiatement. Tous les belligérants du conflit yéménite, qu’il s’agisse des Houthis, d’Al Qaida ou de la coalition arabe, doivent cesser d’intimider, torturer ou kidnapper les journalistes qui leur déplaisent.”
D’après le frère du journaliste qui s’est confié au Syndicat des journalistes yéménites, Anwar al Rakan avait été arrêté par les milices houthies dans la province d'Al-Houban il y a près d'un an, alors qu’il quittait la capitale Sanaa, sous contrôle houthi, pour sa province d’origine. Les cartes de presse trouvées sur lui auraient servi de motif à son arrestation.
Le Yémen, qui connaît l’une des pires crises humanitaires de son histoire, figure à la 167e place (sur 180) du Classement 2018 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.