Une loi menace l’exercice du journalisme aux Pays-Bas
Une loi néerlandaise impose désormais à quiconque voudrait se rendre dans des zones contrôlées par des “ groupes terroristes” de demander une autorisation spéciale du ministère de la justice. RSF dénonce une mesure qui porte atteinte à la liberté d’informer et demande aux sénateurs du pays de prévoir une exception pour les journalistes
Selon une nouvelle loi néerlandaise, quiconque souhaite se rendre pour travailler dans une zone “contrôlée par des groupes terroristes” est désormais contraint de demander une autorisation au ministère de la justice, sous peine d’être poursuivi d’une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement.
Ces mesures portent atteinte à la liberté d’informer en empêchant les journalistes d’exercer leur mission sur le terrain et menacent potentiellement la confidentialité de leurs sources sur le terrain.
“En plus de restreindre l’exercice du journalisme, cette loi menace la sécurité des reporters sur le terrain, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF. Comment envisager qu’un journaliste en zone de guerre et susceptible de passer une frontière puisse raisonnablement demander une autorisation et potentiellement s’exposer aux belligérants ? Les sénateurs néerlandais doivent nécessairement remédier à cette incohérence et considérer une exception journaliste.”
RSF s’interroge également sur la notion vague de “zone terroriste” difficile à déterminer, ces zones de guerre étant par essence sujettes à changement selon l’état des forces en présence. Dans cette optique, RSF soutient la demande des associations de journalistes qui doivent rencontrer le 12 novembre prochain un groupe de sénateurs afin de les sensibiliser aux problèmes que crée cette loi et qu’ils amendent le texte.
Situés à la quatrième place du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2018, les Pays-Bas n’échappent pas à la tendance générale qui voit une détérioration de la liberté de la presse en Europe.