Une journaliste du Wall Street Journal condamnée en Turquie pour “propagande terroriste”
Pour un article sur le conflit entre le parti séparatiste kurde et l’armée turque, la journaliste du Wall Street Journal, Ayla Albayrak, a été condamnée par contumace à deux ans et un mois de prison en Turquie pour “propagande terroriste”. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation disproportionnée visant à restreindre l’activité des journalistes étrangers dans le pays.
Le Wall Street Journal a annoncé qu’Ayla Albayrak avait été condamnée, mardi 10 octobre,par contumace à deux ans et un mois de prison pour “propagande terroriste” pour un article écrit en août 2015. La journaliste s’était rendue dans la ville de Silopi, dans le sud-est de la Turquie, pour couvrir les combats entre l’armée turque et les forces du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, interdit). De nationalités turco-finlandaise, Ayla Albayrak se trouve actuellement à New York et a fait savoir qu’elle souhaitait faire appel de la décision.
“Nous dénonçons une condamnation arbitraire et disproportionnée qui vise une journaliste dont le seul tort est d’être allée sur le terrain pour rapporter des faits et donc faire son travail, déclare RSF. L’organisation de défense de la liberté de la presse estime par ailleurs que “cette décision a pour but de décourager les journalistes étrangers qui souhaiteraient se rendre en Turquie et restreindre leur activité dans le pays.”
Ayla Albayrak travaille depuis 2010 pour le bureau du Wall Street Journal à Istanbul et couvre l’actualité politique turque ainsi que la situation des réfugiés syriens et de la minorité kurde. Sa condamnation intervient alors que les tensions diplomatiques entre la Turquie et les Etats-Unis ne cessent de s’accroître, les deux pays venant de mettre en suspens réciproquement leurs services de délivrance de visas.
Déjà très préoccupante, la situation en Turquie est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch de juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et plus de 100 journalistes sont emprisonnés, un triste record mondial. Les correspondants et reporters étrangers ne sont plus épargnés: plusieurs dizaines d’entre eux ont été expulsés depuis deux ans et quelques-uns sont encore emprisonnés, comme le journaliste germano-turc Deniz Yücel.
La Turquie est classée 155e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.