Un tribunal maintient la censure préventive contre O Estado de São Paulo tout en se déclarant “incompétent”
Organisation :
Saisi de la mesure de censure préventive infligée au quotidien O Estado de São Paulo depuis deux mois, le tribunal de justice du district fédéral (DF) a préféré renvoyer l’affaire vers une autre juridiction tout en maintenant la sanction. Le 30 septembre 2009, les magistrats ont recommandé le transfert du dossier à la Justice fédérale civile de première instance de l’État de Maranhão (Nord). Le quotidien a interdiction, sous peine de très lourde amende, de mentionner une affaire de corruption mettant en cause l’entrepreneur Fernando Sarney, fils de l’ancien président de la République et actuel président du Sénat José Sarney.
“Cette décision est absurde. Une juridiction ne peut pas à la fois se déclarer incompétente et décréter malgré tout qu’une sanction reste valable. Il est, d’autre part, incompréhensible que le dossier soit transféré dans l’État de Maranhão, dont le gouverneur s’appelle Roseanna Sarney, sœur de Fernando Sarney. Comment s’attendre à une justice équitable dans un palais de justice qui porte en plus le nom du grand-père du plaignant ? La délocalisation de l’audience est impérative. Enfin, la censure préventive, par principe, entre en totale contradiction avec les principes de la Constitution démocratique de 1988. Nous espérons que la jurisprudence, au niveau fédéral, permettra bientôt d’en finir avec cette pratique, héritée du régime militaire, encore trop souvent appliquée. La loi sur la presse de 1967, adoptée sous la dictature, a pourtant été annulée le 1er mai”, a déclaré Reporters sans frontières, qui a accordé un entretien à O Estado de São Paulo sur le sujet :
http://www.estadao.com.br/estadaodehoje/20091005/not_imp445906,0.php
Tout en soulignant les récents efforts du gouvernement Lula en matière d’accès à l’information, l’organisation reste préoccupée par la sécurité des journalistes dans certaines régions, après la récente agression devant son journal de Rafael Dias, 25 ans, du Diário de Pernambuco, le 28 septembre à Recife (Nord-Est), et l’attentat, commis le même jour dans l’État de Paraná (Sud), contre Devanil Rodrigues da Silva, présentateur de la chaîne CNT.
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6.08.09 - Menaces de mort et censure: malgré l'abrogation de la loi de 1967, la liberté de la presse connaît des jours sombres
Reporters sans frontières s’inquiète de la multiplication des atteintes à la liberté de la presse au Brésil, trois mois pourtant après l’abrogation de la loi de 1967. Au cours des dernières semaines, un journaliste et un média ont été contraints au silence alors qu’ils divulguaient des informations mettant en cause des autorités publiques. “Nous appelons les autorités policières à prendre très au sérieux le cas du journaliste menacé de mort et à explorer toutes les pistes. Cette affaire ne peut pas déboucher sur l’impunité des coupables sous le prétexte qu’elle concerne des autorités publiques locales. Quant à la décision de justice interdisant au journal O Estado de Sao Paulo de publier des informations impliquant le nom de Sarney, elle constitue un acte de censure qui contrevient à la liberté d’expression. Qu’un élu obtienne que son nom ne soit plus cité prive la presse de son droit à le mentionner en tant que personnalité publique. Il s’agit d’un abus de pouvoir et nous espérons que l’affaire aboutira à un autre jugement en appel”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon l’Associação Brasileira de Jornalismo de Investigação (ABRAJI), Carlos Baía, directeur du Département de Journalisme à la Rádio Metropolitana de Barcarena –Etat de Pára-, est menacé de mort depuis plusieurs semaines après avoir dénoncé des irrégularités impliquant la mairie de Barcarena. Le journaliste avait évoqué l’existence d’emplois fictifs fournis par Olival José Do Espírito Santo, le directeur du département de ressources humaines de la préfecture. Celui-ci a proposé au journaliste de lui offrir R$3000 (environ 1150 €) par semaine pour que le cas ne soit pas porté devant le ministère public. Le 8 juillet, il a été arrêté pour tentative de corruption et incarcéré. Dès le lendemain, le journaliste Carlos Baía a commencé à recevoir des menaces de mort par téléphone. Il a finalement dû cesser ses activités à la radio et quitter la ville. Cependant il a l’intention de reprendre son travail. Olival José Do Espírito Santo est aujourd’hui en liberté provisoire. Selon l’ABRAJI, le service de presse de la préfecture de Barcarena n’a pas souhaité faire de déclaration. Le 31 juillet 2009, le juge Dácio Vieira du tribunal de São Paulo, a interdit au journal O Estado de São Paulo la publication d’informations liées à une affaire mettant en cause l’entrepreneur Fernando Sarney, fils du président du Sénat José Sarney, et accusé entre autres de trafic d’influence et de corruption. D’après la décision de justice, adoptée en deuxième instance, le journal devra payer R$ 150 000 (environ 57 000€) pour chaque texte publié. Selon le journal Folha de S. Paulo, le juge Dácio Vieira occupait précédemment un poste de confiance dans l’entourage du sénateur Sarney, qui aurait lui-même appuyé sa nomination au tribunal de Sao Paulo. Le 1er mai dernier, Reporters sans frontières avait salué la décision du Tribunal suprême fédéral (STF) qui abrogeait la loi sur la presse de 1967. Cette décision entérinait la suppression totale de ce texte hautement répressif pour la liberté de la presse et adopté sous la dictature militaire (1964-1985).
Reporters sans frontières s’inquiète de la multiplication des atteintes à la liberté de la presse au Brésil, trois mois pourtant après l’abrogation de la loi de 1967. Au cours des dernières semaines, un journaliste et un média ont été contraints au silence alors qu’ils divulguaient des informations mettant en cause des autorités publiques. “Nous appelons les autorités policières à prendre très au sérieux le cas du journaliste menacé de mort et à explorer toutes les pistes. Cette affaire ne peut pas déboucher sur l’impunité des coupables sous le prétexte qu’elle concerne des autorités publiques locales. Quant à la décision de justice interdisant au journal O Estado de Sao Paulo de publier des informations impliquant le nom de Sarney, elle constitue un acte de censure qui contrevient à la liberté d’expression. Qu’un élu obtienne que son nom ne soit plus cité prive la presse de son droit à le mentionner en tant que personnalité publique. Il s’agit d’un abus de pouvoir et nous espérons que l’affaire aboutira à un autre jugement en appel”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon l’Associação Brasileira de Jornalismo de Investigação (ABRAJI), Carlos Baía, directeur du Département de Journalisme à la Rádio Metropolitana de Barcarena –Etat de Pára-, est menacé de mort depuis plusieurs semaines après avoir dénoncé des irrégularités impliquant la mairie de Barcarena. Le journaliste avait évoqué l’existence d’emplois fictifs fournis par Olival José Do Espírito Santo, le directeur du département de ressources humaines de la préfecture. Celui-ci a proposé au journaliste de lui offrir R$3000 (environ 1150 €) par semaine pour que le cas ne soit pas porté devant le ministère public. Le 8 juillet, il a été arrêté pour tentative de corruption et incarcéré. Dès le lendemain, le journaliste Carlos Baía a commencé à recevoir des menaces de mort par téléphone. Il a finalement dû cesser ses activités à la radio et quitter la ville. Cependant il a l’intention de reprendre son travail. Olival José Do Espírito Santo est aujourd’hui en liberté provisoire. Selon l’ABRAJI, le service de presse de la préfecture de Barcarena n’a pas souhaité faire de déclaration. Le 31 juillet 2009, le juge Dácio Vieira du tribunal de São Paulo, a interdit au journal O Estado de São Paulo la publication d’informations liées à une affaire mettant en cause l’entrepreneur Fernando Sarney, fils du président du Sénat José Sarney, et accusé entre autres de trafic d’influence et de corruption. D’après la décision de justice, adoptée en deuxième instance, le journal devra payer R$ 150 000 (environ 57 000€) pour chaque texte publié. Selon le journal Folha de S. Paulo, le juge Dácio Vieira occupait précédemment un poste de confiance dans l’entourage du sénateur Sarney, qui aurait lui-même appuyé sa nomination au tribunal de Sao Paulo. Le 1er mai dernier, Reporters sans frontières avait salué la décision du Tribunal suprême fédéral (STF) qui abrogeait la loi sur la presse de 1967. Cette décision entérinait la suppression totale de ce texte hautement répressif pour la liberté de la presse et adopté sous la dictature militaire (1964-1985).
Publié le
Updated on
16.10.2016