Malgré les déclarations du président Ilham Aliev, qui affirmait, le 25 juin 2014,
devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe que son pays jouissait d’”un Internet libre”, les blogueurs continuent de remplir les prisons azerbaïdjanaises. Le 4 juillet, un tribunal de Bakou a souscrit à la demande du procureur qui exigeait
cinq ans de prison contre le blogueur et activiste d’opposition
Omar Mamedov. Le jeune homme, âgé de 19 ans, a été reconnu coupable de “possession de drogues” sur la base de l’article 234.4.3 du code pénal. Une incrimination montée de toutes pièces, systématiquement utilisée contre les activistes d’opposition.
Blogueur actif
dénonçant régulièrement les violations des droits de l’homme commises par les autorités, Omar Mamedov est aussi l’ancien administrateur des pages Facebook “Selections from AzTv” et "Named after Heydar Aliyev". Ces pages sont devenues des sources d’information très populaires pour leur critique acerbe du gouvernement : au mois de juin 2014, “Selections from AzTv” avait été vuе par près de 500 000 personnes. Omar Mamedov est aussi membre de plusieurs mouvements politiques d’opposition. Après avoir été arrêté le 24 janvier 2014, il a rejoint le mouvement de jeunesse NIDA.
“
Nous dénonçons fermement cette énième condamnation politique, prononcée au mépris des droits de la défense pour faire taire une voix critique”, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières. “
Nous demandons à la justice de casser ce jugement en appel et de reconnaître le blogueur innocent des charges absurdes portées contre lui. Le Conseil de l’Europe doit tirer toutes les conséquences de l’intensification de la répression orchestrée par Bakou.”
Omar Mamedov a plaidé non coupable tout au long de son procès. Il a
déclaré aux juges et au procureur, en se référant à l’article 295 du code pénal : “pour chaque verdict injuste que vous rendez, vous serez punis à l’avenir. Ni vous ni vos chefs ne peuvent l’éviter”. L’avocat du blogueur, Khalid Bagirov, et l’Institut pour la liberté et la sécurité des reporters (IRFS) ont
souligné l’absence de preuves à l’appui des allégations du procureur. Des observateurs ont relevé que la lecture du jugement complet avait pris 50 minutes alors que le jury ne s’était retiré qu’une demi-heure pour délibérer, ce qui accrédite l’idée d’un verdict arrêté avant même le début du procès.
Omar Mamedov étudiait à l’étranger quand son père a été appelé à se présenter à la Direction générale de la lutte contre le crime organisé du ministère de l’Intérieur, où on lui a demandé que son fils cesse de “calomnier” le pouvoir. Le blogueur affirme être rentré à Bakou pour s’assurer que ses proches ne soient plus harcelés, même s’il savait ce qui l’attendait.
Khalid Bagirov a
annoncé son intention de faire appel en précisant qu’il n’attendait rien d’un nouveau procès, mais souhaitait épuiser tous les recours internes afin de pouvoir saisir la Cour européenne des droits de l’homme.
L’Azerbaïdjan a pris la tête du Conseil des ministres du Conseil de l’Europe le 14 mai. C’est actuellement le plus répressif des 47 Etats membres de l’organisation, garante du respect des droits de l’homme sur le continent. Ce pays, qui figure à la 160ème place sur 180 dans le
Classement de la liberté de la presse 2014 de Reporters sans frontières, détient actuellement le plus grand nombre de journalistes et net-citoyens emprisonnés de toute l’ex-URSS.
(Photo : Contact.az )