Reporters sans frontières (RSF) dénonce la mort d’Ahmed Al-Shaibani tué le 16 février par un sniper dans la ville de Taiz, au sud-ouest du pays. Ce journaliste pour la chaîne publique Yemen TV couvrait les affrontements avec d’autres collègues lorsqu’il a été visé. RSF demande l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les crimes commis par les deux parties au conflit.
Caméra à la main,
Ahmed Al-Shaibani, reporter d’images de la chaîne
Yemen TV, traversait une route avec ses collègues dans le quartier à l’ouest de la ville de Taiz lorsqu’il a été visé par un tir de sniper, le touchant à la tête et le tuant sur le coup. Les journalistes s’intéressaient aux dégâts causés sur une usine visée par des missiles lancés par des rebelles houthis. Il s’agit du premier reporter tué dans la ville de Taiz depuis le début du conflit.
RSF condamne fermement l’assassinat de ce jeune professionnel. “
Nous appelons les journalistes et les médias à faire preuve de vigilance sur le terrain, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation.
RSF rappelle que les parties au conflit doivent répondre de leurs actes envers les civils, et notamment les journalistes, conformément au droit international. RSF demande l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur tous les crimes commis envers les reporters sur place, qu’ils soient le fait de la coalition arabe ou des houthis.”
Une
vidéo diffusée par la chaîne
Al-Jazeera montre le déplacement du journaliste avant qu’il ne soit abattu.
En janvier dernier, le correspondant d’
Al-Jazeera Hamdi Al-Bokari, son collègue
Abdelaziz Al-Sabri et le chauffeur Mounir Al-Soubaie avaient été
enlevés dans la ville de Taiz le 18 janvier et relâchés plus de dix jours plus tard. Selon le
témoignage du journaliste sur les réseaux sociaux, ce sont les rebelles houthis qui les ont kidnappés.
Ahmed Al-Shaibani est le troisième journaliste tué en 2016 au Yémen, sachant que pas moins de huit journalistes et collaborateurs des médias ont été tués dans l’exercice de leur fonction en 2015. Bien que les houthis soient les auteurs de la majorité des exactions à l’encontre des journalistes, au moins cinq journalistes et trois collaborateurs de médias ont été tués à la suite des bombardements aériens de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite depuis son intervention dans le conflit yéménite en mars 2015.
Fin janvier 2016, la coalition arabe a pourtant annoncé, dans un communiqué publié par l'agence officielle saoudienne SPA, la mise en place d’une commission “indépendante” qui serait chargée d’enquêter sur les possibles exactions contre les civils dénoncées par des experts de l’ONU.
Le pays figure à la 168ème place (sur 180) du
Classement 2015 de Reporters sans frontières.