Aiyathurai Nadesan, correspondant du quotidien Virakesari Tamil et de la radio IBC à Batticaloa, a été abattu par deux tueurs à moto. Reporters sans frontières exprime son indignation et redoute une escalade de la violence dans l'est et le nord du pays.
Reporters sans frontières exprime sa profonde indignation après l'assassinat du journaliste tamoul Aiyathurai Nadesan.
"Nous demandons aux autorités sri lankaises de nous tenir informés des avancées de l'enquête sur ce nouveau crime contre la presse", a déclaré Reporters sans frontières dans une lettre au ministre de l'Intérieur, Amarasiri Dodangoda. "Nous craignons que les dissensions au sein du mouvement séparatiste tamoul et les risques de rupture du cessez-le-feu conduisent à une escalade de la violence contre les médias", a ajouté l'organisation internationale de défense de la liberté de la presse. Une copie de la lettre a été adressée au général Shantha Kottegoda, nouveau responsable des forces armées dans l'est du pays.
Le 31 mai 2004, vers 8 heures du matin, Aiyathurai Nadesan a été tué par balles alors qu'il se rendait à son travail dans la ville de Batticaloa (220 kilomètres à l'est de Colombo). Les deux tueurs, qui circulaient à moto, ont réussi à prendre la fuite. Le corps du journaliste a été transporté dans un hôpital où une autopsie a été pratiquée.
Aiyathurai Nadesan collaborait au quotidien Virakesari Tamil, à la radio IBC Tamil service (basée à Londres) ainsi qu'à plusieurs médias en ligne. Il était connu pour ses critiques contre l'armée sri lankaise et les groupes paramilitaires dans sa chronique publiée dans l'édition dominicale de Virakesari Tamil.
Son assassinat survient dans un contexte de violences liées à une scission au sein du mouvement armé des Tigres tamouls (LTTE) qui a signé un cessez-le-feu avec le gouvernement. Le journaliste était considéré comme un proche des Tigres tamouls.
Figure de la presse locale, Aiyathurai Nadesan avait reçu en 2000 le Prix du meilleur journaliste tamoul. En juillet 2001, il avait été brièvement détenu et menacé de poursuites judiciaires au titre de la loi antiterroriste (Prevention of Terrorism Act) par un officier de l'armée pour ses écrits contre le gouvernement et les forces de l'ordre. Le journaliste était marié et père de trois enfants.
Récemment, un représentant de Reporters sans frontières avait rencontré Aiyathurai Nadesan à Batticaloa. Ce dernier l'avait alerté sur les difficultés auxquelles font face les correspondants régionaux.
En octobre 2000, Mayilvaganam Nimalarajan, correspondant à Jaffna du service en cingalais de la BBC World Service, avait été tué dans un climat de tensions entre les mouvements tamouls. Malgré les pressions nationales et internationales, ce crime reste impuni.