Un journaliste risque jusqu'à 20 ans de prison
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« Nous dénonçons le caractère arbitraire de l'arrestation de Sabirjon Yakubov, journaliste indépendant qui n'a fait qu'exercer son métier et que l'on accuse sans aucune preuve de faire partie d'un groupe extrémiste. Il serait scandaleux que ce jeune professionnel de la presse soit condamné à une lourde peine de prison pour avoir simplement relaté des faits susceptibles de déplaire au pouvoir
ouzbek », a déclaré Reporters sans frontières.
Sabirjon Yakubov (photo), journaliste de l'hebdomadaire indépendant Hurriyat (Liberté, 3 500 exemplaires) a été arrêté le 11 avril 2005, à Tachkent. Il a été inculpé pour « avoir enfreint l'ordre constitutionnel » et « faire partie d'une organisation extrémiste religieuse » (article 159 du code pénal). Actuellement détenu au centre des affaires intérieures de Tachkent, il devrait être transféré, au plus tard le 21 avril, à la prison de Tachkent. Selon la loi, il risque entre trois et quinze ans de prison mais, « étant donné qu'il a été arrêté en compagnie d'autres personnes, sa peine peut aller jusqu'à vingt ans de prison », a précisé Ruslan Sharipov, un ancien journaliste dissident, actuellement exilé aux Etats-Unis.
Les collègues de Sabirjon Yakubov dénoncent un motif fallacieux qui maquille la vraie raison de l'arrestation. Le 16 mars 2005, le journaliste avait rédigé un article consacré à la disparition en 2000 de Géorgiy Gongadze. Sabirjon Yakubov faisait état de l'assassinat du journaliste ukrainien dans lequel les plus hautes autorités de Kiev étaient impliquées. Le journaliste expliquait dans son article que ce crime avait été un élément détonateur de la révolution orange qui avait abouti au renversement, à l'automne 2004, de l'ancien pouvoir ukrainien. Le jeune journaliste de 22 ans accusait également les Etats-Unis d'avoir mis en veille leur observation du respect des droits de l'homme en Ouzbékistan, depuis que Washington a installé une base aérienne dans le sud du pays, en 2001, à l'invitation du président Islam Karimov.
L'arrestation de Sabirjon Yakubov a surpris les collaborateurs de Hurriyat qui considèrent que ce jeune diplômé de la faculté de journalisme de l'université de Tachkent est un spécialiste de la philosophie mulsulmane particulièrement mesuré. « Il est étonnant d'accuser un journaliste d'appartenir à un groupe d'extrémistes religieux, alors qu'il a écrit des dizaines d'articles sur les dangers du fondamentalisme musulman. S'il est réellement condamné à de nombreuses années de prison, il est clair que l'ensemble des journalistes vont se rebeller face à cette arrestation arbitraire et manifester », a déclaré son collègue Alimar Donanaiev à Reporters sans frontières.
Agé de 22 ans, né à Margilan, (région de Ferghana), Sabirjon Yakubov collaborait depuis 2001 à l'hebdomadaire indépendant Hurriyat. Etudiant de la faculté de journalisme de l'université de Tachkent, il avait été recommandé par ses professeurs auprès du président Islam Karimov, afin d'obtenir une bourse d'études.
L'utilisation de l'article 159 du code pénal est une pratique courante des autorités ouzbèkes pour faire taire les voix dissidentes. L'arrestation de Sabirjon Yakubov rappelle celle, en 2003, d'un collaborateur de Hurriyat, Gayrat Mekhliboyev, qui avait été condamné à sept ans de prison pour « atteinte à l'ordre constitutionnel » et « participation à un groupe d'extrémistes religieux ».
Le 15 avril, le site Internet www.centrasia.org, citant une source policière, avait évoqué l'existence d'une liste de journalistes surveillés par les autorités. Le ministère de l'Intérieur avait immédiatement démenti.
Publié le
Updated on
20.01.2016