Un journaliste du Daily News agressé alors que le quotidien reprend sa publication après sept années d'interdiction
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Reporters sans frontières a appris avec soulagement la reparution du Daily News, après sept années de suspension. L'organisation salue le courage et la ténacité du quotidien face à l'acharnement des autorités et aux difficultés financières qui ont retardé sa réédition malgré l'obtention d'une licence.
Depuis le 18 mars 2011, le journal est de retour dans les kiosques et a affirmé dans sa première édition sa volonté de dénoncer la mauvaise gouvernance et les pratiques politiques véreuses.
"Nous dénoncerons tout abus de pouvoir et toute intolérance politique. Nous déclarons que nous serons très critiques envers la mauvaise gouvernance que nous n'aurons de cesse d'exposer aux yeux du public (…). Nous sommes un journal indépendant déterminé à promouvoir la démocratie et à combattre la corruption en disant aux gens ce qu'il se passe dans notre pays", signale l'éditorial.
Or, le 24 mars dernier, Xolisani Ncube, journaliste pour le Daily News, a été agressé par des partisans du Premier ministre Morgan Tsvangirai alors qu'il interviewait plusieurs personnes au quartier général de son parti, le Movement for Democratic Change (MDC), à Harare. L'agresseur a volé l'appareil photo numérique du journaliste après l'avoir violemment frappé au visage. Deux semaines plus tôt, le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, s'était illustré en excluant d'une conférence de presse tenue par le Premier ministre le journaliste freelance, Nkosana Dhlamini, dont les questions dérangeaient. Chamisa avait accusé le journaliste de faire son travail pour le compte du Zanu-PF, le parti du Président Robert Mugabe. Le 24 mars dernier, Vikas Mavhudzi, internaute de 39 ans, qui avait posté un message sur le mur Facebook de la page officielle du premier ministre zimbabwéen, a été arrêté et est accusé de “subversion envers un gouvernement constitutionnel” .
"La reprise du Daily News et l'agression d'un de ses journalistes quelques jours plus tard n'est pas une coïncidence. Il semble que les autorités ne voient pas d'un bon œil les déclarations d'indépendance du quotidien et leur promesses de dénoncer la mauvaise gouvernance. Vraisemblablement, elles se sentent menacées et l'on peut craindre qu'elles surveillent étroitement le journal et harcèlent ses journalistes, ce qui est intolérable. Le contexte pré-électoral va certainement attiser la répression contre ceux qui militent pour la liberté d'expression", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
L'organisation a toujours soutenu le quotidien et lui a décerné en décembre 2003 le prix Reporters sans frontières – Fondation de France dans la catégorie "média". Le Daily News avait été interdit le 12 septembre 2003 suite à une perquisition de la police qui avait saisi tout son équipement. En juin 2010, une licence avait enfin été accordée au journal qui a depuis lutté pour réunir les fonds nécessaires à sa reprise d'activités.
Alors que des élections parlementaires sont prévues en mai prochain, Reporters sans frontières demande aux autorités, toutes tendances confondues, de laisser les journalistes mener à bien leur mission d'information dans le plein respect du pluralisme.
Publié le
Updated on
20.01.2016