Reporters sans frontières s'inquiète du sort de Rogelio Prado Rodríguez, collaborateur du quotidien Tolima Hoy et des stations Radio Tropical et Cadena Radial Super, obligé de fuir le département de Tolima après des menaces de mort reçues le 7 février 2008. Le journaliste a sans doute fait les frais de ses enquêtes sur des affaires de corruption.
Reporters sans frontières s'indigne du départ forcé de Rogelio Prado Rodríguez, collaborateur du quotidien Tolima Hoy et des stations Radio Tropical et Cadena Radial Super, obligé de quitter le département de Tolima (Centre) où il résidait et travaillait, après avoir reçu, le 7 février 2008, des faire-part annonçant son propre décès. Le journaliste dénonçait depuis deux ans des passations frauduleuses de marchés publics impliquant l'ancien maire de la localité de Melgar.
“Trois journalistes colombiens ont été contraints au départ depuis le début de l'année, dont deux dans le département de Tolima en une semaine. Tolima est, certes, une zone de conflit, mais les menaces qui ont finalement décidé Rogelio Prado Rodríguez à partir semblent liées à ses enquêtes sur la corruption locale. C'est pourquoi nous souhaitons, comme lui, que la justice se penche sur le bilan des enquêtes administratives menées au sein de la municipalité de Melgar et qu'il bénéficie d'une protection”, a déclaré Reporters sans frontières.
Rogelio Prado Rodríguez a reçu chez lui, le 7 février, quatre faire-part annonçant une messe pour ses propres funérailles, à l'invitation de sa famille, des trois médias pour lesquels il travaille ainsi que des autorités départementales de Tolima et municipales de Melgar. Le journaliste a alors décidé de quitter le département. “La situation s'est aggravée a partir d'octobre dernier, pendant la campagne pour les élections municipales, lorsque le quotidien El Nuevo Día s'est fait l'écho de ce que j'avais dit, moi, à la radio”, a-t-il expliqué à Reporters sans frontières. A partir de cette date, Rogelio Prado a été victime d'incessantes menaces de mort sur son téléphone portable.
Le journaliste a commencé, en 2006, à relayer une enquête judiciaire contre l'ancien maire de Melgar, José Alejandro Martínez Sánchez, actuel ministre des Infrastructures de Tolima, pour des irrégularités dans la passation de marchés publics au cours de son mandat à la tête de la municipalité. Les tentatives d'intimidation contre Rogelio Prado ont pris de l'ampleur, en mai 2007, lorsqu'un paquet de viande avariée a été déposé devant son domicile. Un peu plus tard, une pierre accompagnée d'un message lui intimant de se taire avait brisé l'une des fenêtres de sa maison.
Rogelio Prado, père de cinq enfants, a débuté sa carrière à Radio Armero, dans sa ville natale du même nom. Sous contrat depuis dix ans avec Cadena Radial Super, il animait une émission matinale d'informations et de débats sur Radio Tropical, en plus de sa collaboration au quotidien régional Tolima Hoy. En 2006 et 2007, il avait présenté le programme “El Bunker” de la station de l'armée colombienne. Le journaliste a dit souhaiter, au-delà de sa situation personnelle, que la justice fasse la lumière sur les mouvements de fonds des cinq derniers exercices budgétaires de la municipalité de Melgar.