Un journaliste aux arrêts
Reporters sans frontières demande aux autorités tchadiennes de relâcher le journaliste Madjissembaye Ngardino du journal Abba Gade.
Le journaliste a été relaxé dans la soirée du 28 juin et les poursuites à son encontre ont été abandonnée.
Madjissembaye Ngardinon, journaliste au tri-mensuel Abba Gade, est placé en détention à la Maison d'arrêt de N'Djamèna depuis le 24 juin 2016. Le journaliste avait été dépêché par sa rédaction pour couvrir une opération de police visant à faire déguerpir les occupants d’une concession ayant perdu le procès qui les opposait au propriétaire légitime du terrain. Une dame vivant sur le terrain a tenté de résister aux forces de l’ordre qui ont tenté de la maîtriser. Le journaliste qui prenait des photos de la scène a alors été arrêté par les forces de l’ordre qui l’ont conduit d’abord au PSIG ( Peloton spécial d'intervention de la gendarmerie) avant de le transférer au Parquet. Cette instance a qualifié son acte de “flagrant délit”. Son audience est prévue pour le vendredi 1er Juillet 2016 et il demeure emprisonné jusqu’alors.
“Reporters sans frontières demande la libération immédiate du journaliste d’Abba Garde qui est clairement détenu pour des motifs fallacieux, déclare Reporters sans frontières. Son article ne fait que mettre en lumière des dysfonctionnements existants et il est absurde que le code pénal soit manipulé à ce point pour servir des intérêts particuliers”.
Selon le rédacteur en chef du journal, la raison d’une telle réaction de la part du Parquet serait à chercher dans un article écrit par le journaliste et paru dans le journal du 20 juin. Dans celui-ci Madjissembaye Ngardinon mettait en avant les manquements et contradictions de la justice tchadienne dans cette même affaire foncière. Un article qui aurait fortement déplu aux magistrats concernés. Ses charges ont depuis son arrestation été requalifiées d’”outrage à magistrat et de rébellion”, passibles respectivement de un à six mois d'emprisonnement et de 5 000 à 100 000 francs d'amende et de de 3 mois à 2 ans d'emprisonnement et d’une amende de 5 000 à 500 000 francs.
Reporters sans frontières avait défendu en 2013 le directeur du journal Abba Garde, Moussaye Avenir de la Tchiré, poursuivi alors pour “incitation à la haine et au soulèvement populaire” et qui avait passé quatre mois derrière les barreaux en détention préventive.
Le Tchad occupe la 127eme place au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2016.