Farid Alilat, l'ancien directeur de la rédaction du quotidien Liberté, a été condamné, le 24 mai, à une peine d'un an de prison ferme par contumace pour "offenses au chef de l'Etat." "La susceptibilité du président Bouteflika n'a décidément pas de limites. Grâce à lui, les tribunaux ouvrent leurs portes aux affaires de presse tous les mardis", a déclaré Reporters sans frontières.
"L'Algérie continue d'employer abusivement les procédures judiciaires en diffamation pour faire taire les journalistes qui déplairaient au pouvoir, a déclaré Reporters sans frontières. La susceptibilité du président Abdelaziz Bouteflika n'a décidément pas de limites. Grâce à lui, les tribunaux ouvrent leurs portes aux affaires de presse tous les mardis".
"Nous condamnons fermement ce harcèlement judiciaire à l'encontre des journalistes et le recours à des peines de prison dans des affaires de diffamation. Nous restons également attentifs à tous les autres procès en cours, car tant que les amendements du code pénal relatifs à la diffamation ne seront pas abrogés, l'Algérie continuera de pouvoir mettre ses journalistes derrière les barreaux. Deux d'entre eux font les frais de cette politique liberticide depuis près d'un an, Mohammed Benchicou et Ahmed Benaoum", a conclu l'organisation.
Le 24 mai 2005, le procureur de la République près le tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger, a condamné l'ancien directeur de la rédaction du quotidien Liberté, Farid Alilat, à une peine d'un an de prison ferme par contumace et une amende de 100 000 dinars algériens (environ 1100 euros). Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné à payer une amende de 50 000 DA (environ 550 euros), tandis que Mustapha Hammouche a été acquitté. Liberté devra également payer une amende de 250 000 DA (environ 2 750 euros). Le 10 mai, le procureur avait requis douze mois de prison ferme et une amende de 50 000 DA contre les trois journalistes, pour la publication d'une série de caricatures et d'une chronique en 2003, considérées comme des "offenses au chef de l'Etat".
Joint au téléphone par Reporters sans frontières, Maître Khaled Bourayou, avocat de la défense, estime que "ce sont tout de même des décisions que l'on peut qualifier de clémentes" et se demande "si ce verdict peut ouvrir la voie à une perception nouvelle des délits de presse", tout comme le rédacteur en chef du journal, Salim Tamani, qui "espère que la justice algérienne commence à voir la diffamation et la caricature différemment."
Maître Bourayou avait plaidé que ni les dessins d'Ali Dilem qui sont, selon ses termes, "des oeuvres d'art puisées du quotidien vécu par le caricaturiste", ni la chronique de Mustapha Hammouche qui est "un commentaire des faits du jour", ne peuvent constituer "une offense" ou "une atteinte" au Président. Le journal a affirmé sa volonté de faire appel.
D'autres journalistes condamnés à des peines de prison
Le 17 mai, le directeur de publication du quotidien Le Soir d'Algérie, Fouad Boughanem et le chroniqueur Hakim Laâlam avaient été condamnés par le tribunal d'Alger à deux mois de prison ferme et à une amende de 250 000 DA (environ 2 750 euros) pour diffamation. La publication avait également été condamnée à payer une somme équivalente.
Les journalistes du quotidien Le Matin, Abla Cherif et Hassane Zerrouky, avaient été condamnés, le 20 avril, à deux mois de prison ferme, Youssef Rezzoug et Yasmine Ferroukhi, à trois mois. Le même jour, Mohammed Benchicou, qui purge déjà une peine de deux ans de prison ferme depuis le 14 juin 2004, avait été condamné à cinq mois de prison. Sa demande de remise en liberté pour raison de santé avait été rejetée.