Un défenseur des droits de l’homme condamné à quinze ans de prison pour ses écrits
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Reporters sans frontières est choquée par la condamnation, le 17 avril 2014, par le tribunal pénal de Riyadh du net-citoyen et défenseur des droits de l’homme Fadhel Al-Manafes à une peine de quinze ans de prison ferme, assortie d’une interdiction de voyager pour une durée de quinze ans et d’une amende de 100 000 rials (19 300€). Ce militant des droits de l’homme, incarcéré depuis le 2 octobre 2011, est accusé de “travail contre la sécurité et la stabilité nationale”, d’“incitation à la sédition et au sectarisme entre les citoyens”, de “déloyauté envers le Roi, de “publication d’articles et communication avec des journalistes étrangers en vue de nuire à l’image de l’Etat”, d’avoir “créé une association interdite”, et d’avoir “incité à manifester”.
“Nous condamnons fermement ce verdict. Nous exhortons les autorités à libérer immédiatement Fadhel Al-Manafes et à abandonner l’ensemble des charges qui pèsent à son encontre. Cette condamnation à quinze ans de prison ferme illustre le mépris des autorités saoudiennes à l’égard des libertés fondamentales et plus particulièrement de la liberté d’information. Elles embastillent ceux qui osent s’exprimer, afin de mieux intimider les autres”, déclare Lucie Morillon, responsable du département Recherche et Plaidoyer à Reporters sans frontières.
Lors de son procès, Fadhel Al-Manafes a fait part au juge des tortures et mauvais traitements dont il a été victime depuis son arrestation mais le juge a rejeté ces allégations.
Fadel Al-Manafes est l’un des membres fondateurs du centre Al-Adalah Center for Human Rights, une ONG saoudienne qui documente les violations des droits de l’homme et qui apporte son soutien aux victimes. Blogueur, il n’a cessé de dénoncer la discrimination dont sont victimes les chiites en Arabie Saoudite. Avant son incarcération en octobre 2011, il avait été arrêté à deux reprises (en 2009 puis mi-2011) pour “avoir manifesté”.
La condamnation de ce militant des droits de l’homme vient s’ajouter à la liste - déjà longue - des prisonniers d’opinion condamnés en Arabie Saoudite en raison de leurs écrits ou pour la publication d’informations allant à l’encontre du discours de la monarchie. Ainsi l’écrivain et activiste de renom, Mukhlif Al-Shammari, a vu sa peine de cinq ans de prison ferme confirmée en appel le 4 mars dernier, pour avoir diffusé sur Youtube une vidéo dans laquelle deux filles témoignaient des mauvais traitements dont elles étaient victimes. Le présentateur de télévision Wadji Al-Ghazzawi a lui été condamné, le 4 février 2014, à une peine de douze ans de prison ferme pour “incitation à la sédition”, “désobéissance au souverain" et “atteinte au prestige de l’État et des institutions de la justice” suite à son émission “Al-Fadfada” dans laquelle il dénonçait la corruption au sein du royaume.
En avril 2013, Reporters sans frontières a présenté ses observations et recommandations sur la situation de la liberté de l’information en Arabie Saoudite à l’occasion de l’Examen périodique universel lors de la 17e sessions du Conseil des Droits de l’homme des Nations unies qui s’est tenue du 21 octobre au 11 novembre 2013. Dans ce rapport, l’organisation dénonce l’acharnement des autorités à l’encontre des acteurs de l’information, le recours systématique aux peines privatives de liberté ainsi que l’extrême lourdeur des peines prononcées, sources d’auto-censure.
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Updated on
20.01.2016