Un collaborateur de la Deutsche Welle risque dix ans de prison
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Le 18 mai 2007, Youri Tchernogaev, journaliste freelance travaillant notamment pour la Deutsche Welle à Tachkent, a été informé par le bureau du procureur qu'il serait prochainement inculpé et risquait dix ans d'emprisonnement.
“Reporters sans frontières dénonce une parodie de justice, dont l'objectif est de réduire au silence les journalistes collaborant avec des médias étrangers. Moins de quinze jours après la rencontre entre l'Union européenne et l'Ouzbékistan, dont il est ressorti qu'Islam Karimov devait faire la preuve de son engagement en faveur de l'amélioration de la situation des droits de l'homme dans le pays, cette nouvelle est un camouflet pour tous les défenseurs de la liberté d'expression”, a déclaré l'organisation.
Le journaliste a tout d'abord été mis en examen pour “évasion fiscale”, en mars 2007, puis soupçonné d'avoir aidé une correspondante de la Deustche Welle, Natalia Bouchoueva, à fuir le pays. Trois autres chefs d'accusation seront prochainement ajoutés : “diffamation du Président de la République” (article 158 du code pénal), “diffamation de la république d'Ouzbékistan” (art.159) et “réalisation et diffusion de matériaux constituant une menace pour la sécurité nationale et l'ordre public” (art. 244-1). Il doit également s'acquitter d'une amende de 800 dollars.
“Nous enjoignons les autorités judiciaires à faire preuve de clémence et de raison. Youri Tchernogaev doit déjà régler une amende au montant élevé. Sa condamnation à une peine de prison serait scandaleuse. On lui reproche avant tout d'avoir possédé des documents en rapport avec la conférence “Islam et tolérance”, dont des comptes rendus ont été publiés sur le site de la Deutsche Welle”, a ajouté l'organisation. Selon le Centre de surveillance des médias, une instance officielle, ces documents représentent une menace pour la sécurité nationale. Cette institution n'est pourtant pas habilitée à se prononcer sur le contenu des médias. Elle est chargée de veiller au bon usage des fréquences allouées aux radios et chaînes de télévision.
“Ce n'est malheureusement pas la première fois que le Centre de surveillance des médias outrepasse ses prérogatives. Il avait rendu un avis similaire sur le contenu de l'ordinateur portable de la journaliste et militante des droits de l'homme Umida Niazova, qui contenait un rapport sur la répression du soulèvement d'Andijan”, a poursuivi Reporters sans frontières.
Après la répression de la révolte d'Andijan, le 13 mai 2005, dont les victimes sont estimées par les organisations de défense des droits de l'homme à quelque huit cents personnes (187 selon les autorités ouzbèkes), l'Union européenne a voté la mise en place de sanctions à l'encontre de l'Ouzbékistan. Un réexamen tous les six mois est prévu. Le 14 mai 2007, un allègement partiel des sanctions a été décidé dans le cadre d'un dialogue sur les droits de l'homme.
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Updated on
20.01.2016