Reporters sans frontières se déclare "atterrée" par cette vague de violence qui vise une nouvelle fois des journalistes. Deux collaborateurs d'Associated Press ont été pris pour cibles, alors qu'ils s'apprêtaient à couvrir une explosion à Mossoul.
« Nous sommes atterrés par la mort de Saleh Ibrahim, qui porte à 55 le nombre de journalistes et collaborateurs tués en Irak depuis le déclenchement de la guerre, en mars 2003. L'état de santé de Mohammed Ibrahim nous inspire également la plus vive inquiétude. Nous lançons un appel à tous les belligérants pour que soit enfin garantie la sécurité pour l'ensemble des journalistes, qui ont le courage de couvrir cette guerre particulièrement meurtrière, quelle que soit leur nationalité et quel que soit le média pour lequel ils travaillent », a déclaré Reporters sans frontières.
Selon un collaborateur d'Associated Press, qui a désiré conserver l'anonymat pour des raisons de sécurité, le cameraman Saleh Ibrahim et le photographe Mohammed Ibrahim se rendaient sur les lieux d'une explosion, le 23 avril, à 14h30 heure locale, à Mossoul, dans le nord de l'Irak. Alors que leur voiture se trouvait à proximité de la place Al-Yarmook, des tireurs non identifiés ont ouvert le feu. Les deux collaborateurs d'Associated Press, tous deux d'origine irakienne, ont été grièvement blessés. Leur collègue les a immédiatement conduits à l'hôpital Al-Jumhouri de Mossoul mais Saleh Ibrahim, atteint de trois balles dans la poitrine, est décédé peu de temps après son admission. Selon le docteur Rabei Yassin de l'hôpital Al-Jumhouri, Mohammed Ibrahim, touché à la tête par plusieurs éclats d'obus, a été soigné, avant d'être conduit vers un endroit non précisé, sous escorte militaire américaine.
Les circonstances du drame restent confuses. Selon le colonel Wathiq Ali, responsable adjoint de la police de Mossoul, l'explosion, qui a fait par ailleurs deux victimes civiles irakiennes, visait les forces armées américaines. Le collègue des deux journalistes grièvement blessés a précisé que les militaires américains étaient présents à proximité de l'explosion et qu'ils avaient rejoint les journalistes sur les lieux, peu de temps après que ces derniers avaient essuyé les coups de feu.
Saleh Ibrahim avait à peine trente ans et était père de cinq enfants.
Tom Curley, P-D-G d'Associated Press, a adressé dans un communiqué « ses sympathies les plus profondes à la famille » et « promis d'enquêter, afin d'éclaircir les circonstances exactes de cette tragédie ». Il a par ailleurs salué le courage du journaliste et « sa détermination fervente à couvrir toute l'histoire en Irak en cette période historique et qui inspirait tous ceux qui le connaissaient et travaillaient avec lui ».
Il s'agit du deuxième collaborateur d'Associated Press tué depuis le début du conflit en Irak, en mars 2003. Le 2 septembre 2004, Ismail Taher Mohsin avait été assassiné près de son domicile à Bagdad, pour des raisons qui demeurent inconnues.