Un célèbre journaliste croupit en prison depuis plus d’un an sans jugement
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Reporters sans frontières (RSF) dénonce la prolongation de la détention provisoire du journaliste Raouf Mirkadyrov, ordonnée par un tribunal de Bakou le 6 mai 2015.
Cela fait déjà plus d’un an que le célèbre correspondant de l’hebdomadaire Zerkalo croupit en prison, suite à son extradition par la Turquie en avril 2014. Il restera en détention au moins jusqu’au 19 septembre.
Raouf Mirkadyrov est accusé de « haute trahison » et « d’espionnage pour le compte de l’Arménie » dans une affaire montée de toutes pièces. Les services de renseignement affirment se fonder sur une vidéo montrant le journaliste en train de signer des papiers, au cours d’un séminaire international à Tbilissi. Il aurait à cette occasion perçu de l’argent de l’Arménie en échange d’informations concernant les forces armées azerbaïdjanaises. Soulignant « l’absurdité » de ces accusations, l’avocat de Raouf Mirkadyrov a annoncé son intention de faire appel contre la prolongation « illégale » de la détention provisoire.
« RSF est profondément indignée par cette accusation d’un autre temps à l’encontre de Raouf Mirkadyrov, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Le caractère politique de sa détention ne fait aucun doute. Nous exhortons de nouveau les autorités à abandonner les poursuites contre le journaliste et à le libérer sans délai ».
Connu pour ses positions critiques à l’égard des autorités azerbaïdjanaises mais aussi russes et turques, le journaliste était depuis longtemps l’une des grandes plumes de Zerkalo. Ce journal, économiquement asphyxié, a été contraint de suspendre sa publication fin mai 2014.
La prolongation de la détention de Raouf Mirkadyrov s’inscrit dans le cadre d’une vague de répression sans précédent contre les derniers médias indépendants d’Azerbaïdjan. Khadija Ismaïlova, figure de proue du journalisme d’investigation dans le pays, entame son sixième mois de détention provisoire. La personne qui l’avait accusée a ensuite reconnu qu’elle avait été contrainte de le faire sous la pression des services de sécurité. En février, quatre autres chefs d’inculpation ont été ajoutés à l’encontre de la journaliste.
L’Azerbaïdjan occupe la 162e place sur 180 dans le Classement mondial 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016