Un an après l'arrestation de 75 dissidents, Reporters sans frontières mobilise l'Europe contre la répression à Cuba
Lors d'une conférence de presse à Bruxelles intitulée "L'Europe dit non à la répression à Cuba", Reporters sans frontières a annoncé plusieurs initiatives pour mobiliser l'Union européenne et informer les Européens sur la situation des droits de l'homme dans l'île.
Au cours de la conférence de presse qui se tenait au Parlement européen, Reporters sans frontières a annoncé plusieurs initiatives pour mobiliser l'opinion publique et les décideurs européens contre les violations des droits de l'homme commises par le régime de Fidel Castro. Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, a invité les députés européens à signer une "Déclaration de Bruxelles" dans laquelle ils s'engagent "à réclamer sans relâche (la) libération (des 75 dissidents) au gouvernement de La Havane" et à appeler "la Commission et le Conseil européens à mener une politique en accord avec cet objectif". Parmi les premiers signataires, on compte le Français Daniel Cohn-Bendit, Président du groupe des Verts/ALE (Alliance Libre Européenne), l'Italienne Emma Bonino, du groupe radical des non-inscrits (NI), la Française Pervenche Berès, Vice-présidente du groupe du Parti Socialiste Européen (PSE), l'Ecossais Graham Watson, Président du Parti Européen des libéraux, démocrates et réformateurs (ELDR), le Portugais José Ribeiro e Castro, du groupe de l'Union pour l'Europe des Nations (UEN), le Belge Gérard Deprez, du Parti Populaire Européen (PPE), et le Néerlandais Jules Maaten, de l'ELDR. (Voir la liste complète au bas de ce communiqué). Télécharger la déclaration :
Attention ! Au-delà des clichés, le soleil cubain ne brille pas pour tout le monde. En mars 2003, le régime castriste arrêtait et condamnait à de lourdes peines de prison près de 80 journalistes, opposants et défenseurs des droits de l'homme. Pour avoir osé parler de démocratie dans leur pays, certains passeront jusqu'à 28 ans derrière les barreaux...
Sachez où vous mettez les pieds !" L'organisation a par ailleurs présenté "Cuba, le livre noir" , sorti à l'occasion de ce premier "anniversaire". Diffusé dans les pays francophones, ce livre compile les rapports de différentes associations de défense des droits de l'homme (Amnesty International, Comisión Cubana de Derechos Humanos y Reconciliación Nacional, Human Rights Watch, Pax Christi, Reporters sans frontières) qui reviennent sur l'ampleur de la répression du printemps 2003 et décrivent le fonctionnement de ce régime totalitaire. Le livre noir présente également de larges extraits de la législation cubaine utilisée pour réprimer les libertés individuelles. Enfin, il cite les principaux manifestes autour desquels la dissidence, accusée d'être un « agent de l'impérialisme » américain, tente de conduire Cuba vers une transition démocratique. Des personnalités et des témoins pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme
La conférence de presse a été ouverte par l'ancien dissident polonais Bronislaw Geremek alors que le 1er mai 2004, huit pays de l'ancien bloc soviétique feront leur entrée dans l'Union européenne. Compte tenu de leur histoire, ces Etats vont sans doute œuvrer au sein de l'UE pour maintenir la question des droits de l'homme au cœur de ses relations avec Cuba. L'intervention de M. Geremek a été suivie de celle de l'écrivain et philosophe français Bernard-Henri Lévy qui s'est exprimé sur les intellectuels européens et Cuba. Un brève rappel historique sur la répression imposée par le régime castriste depuis ses premières années a ensuite été présenté par Elizabeth Burgos, spécialiste de l'Amérique latine. A l'occasion de ce premier anniversaire, Reporters sans frontières souhaitait également donner la parole aux victimes. Plusieurs mères de journalistes ou dissidents actuellement emprisonnés appartenant à l'association Mères et femmes contre la répression (Madres y Mujeres Anti Represión, M.A.R., basée à Miami), sont intervenues. Humberto Medrano, ancien directeur du quotidien Prensa Libre fermé en 1960 par les autorités, a pris la parole pour expliquer comment le régime castriste a imposé un système de presse unique dès les premières années de la Révolution. Ces témoignages se sont conclus sur la lecture par le réalisateur espagnol Fernando Arrabal d'un texte intitulé "Monologue du coupable" du journaliste et poète Raúl Rivero. Lauréat du prix Reporters sans frontières-Fondation de France en 1997, Raúl Rivero est l'une des figures de proue du journalisme indépendant à Cuba. Arrêté le 20 mars 2003, il a été condamné à 20 ans de prison. 18 mars 2003 : Cuba devient la plus grande prison du monde pour les journalistes
A Cuba, la Constitution stipule que seule la presse officielle est autorisée. Depuis une dizaine d'années, des agences de presse indépendantes tentent de contester ce monopole de l'Etat sur l'information. A défaut de pouvoir publier leurs informations sur l'île, ces agences les envoient à l'étranger où elles sont reprises dans la presse ou sur des sites Internet. Au cours de la vague d'arrestations de mars 2003, vingt-sept journalistes indépendants ont été arrêtés, qui se sont ajoutés aux trois déjà détenus. Inculpés pour "actes contre l'indépendance et l'économie de Cuba" (loi 88) ou pour "actes contre l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Etat" (article 91 du code pénal), ils ont été condamnés à des peines allant de 14 à 27 ans de prison au terme de procès sommaires. D'une façon générale, ces journalistes ont été accusés de faire le jeu des Etats-Unis en publiant des informations offrant une vision différente de celle donnée par la presse officielle. Leurs articles traitaient généralement de l'opposition (non reconnue), des violations des droits de l'homme ou de la vie quotidienne des Cubains. Condamnés début avril, les journalistes et l'ensemble des dissidents arrêtés ont été transférés peu après dans des prisons distantes parfois de plusieurs centaines de kilomètres de leurs domiciles. Les familles ont dénoncé "une seconde condamnation", alors que les déplacements sur l'île sont longs et coûteux. Les prisonniers ont été placés en régime de sévérité maximale et les visites de leurs proches ne sont autorisées qu'une fois par trimestre (au lieu de toutes les trois semaines). Tous dénoncent des conditions de détention inhumaines : absence d'hygiène (présence de rats, cafards, etc.), absence de soins médicaux, alimentation exécrable, manque d'accès à l'eau, interception de leur correspondance… Certains, comme Oscar Espinosa Chepe, sont gravement malades. Les dernières informations recueillies concernent Ivan Hernández Carrillo, de l'agence Patria, détenu au centre pénitentiaire provincial de Holguín (Centre). Du 23 février au 14 mars 2004, ce journaliste a mené une grève de la faim pour exiger son transfert dans une autre section de la prison après avoir été menacé de mort par ses codétenus et harcelé par ses gardiens. Informés de la situation de leur ami, deux autres dissidents détenus à Holguín s'étaient joints, le 2 mars, à sa grève de la faim : le journaliste Adolfo Fernández Saínz et le dissident Alfredo Domínguez Batista. Les trois hommes auraient mis un terme à leur mouvement après avoir obtenu satisfaction. Sur une page spéciale du site de Reporters sans frontières intitulée "Cuba, la plus grande prison du monde pour les journalistes" , les internautes peuvent trouver des informations sur ces journalistes emprisonnés, les réactions internationales provoquées par leurs condamnations et, de façon plus large, sur le contrôle de l'information à Cuba.
Les députés européens signataires de la Déclaration de Bruxelles :
Nuala Ahern (Irlande, Verts)
Anne André-Léonard (Belge, ELDR)
Pervenche Bérès (Française, PSE)
John Cushnahan (Irlandais, PPE)
Emma Bonino (Italien, Parti radical)
Johanna Boogerd-Quaak (Néerlandais, ELDR)
Alima Boumediene-Thiery (Française, Verts)
Kathalyne Buitenweg (Néerlandais, Verts)
Marco Cappato (Italien, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Paulo Casaca (Portugais, PSE)
Daniel Cohn-Bendit (Allemand, Verts)
Gianfranco Dell'alba (Italien, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Benedetto della Bedova (Italien, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Gérard Deprez (Belge, PPE)
Harlem Désir (Français, PSE)
Olivier Duhamel (Français, PSE)
Olivier Dupuis (Français, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Fernando Fernandez (Espagnol, PPE)
Concepco Ferrer (Espagnol, PPE)
Monica Frassoni (Italienne, Verts)
Jas Gawronski (Italien, PPE)
Vitaliano Gemelli (Italien, PPE)
Alfred Gomolka (Allemand, PPE)
Hansenne (Belge, PPE)
Adeline Hazan (Française, PSE)
Pierre Jonckheer (Belgique, Verts)
Karin Junker (Allemande, PSE)
Alex Kenz (Britannique, PSE)
De Keyser (Belge, PSE)
Alain Lamassoure (Français, PPE)
Alain Lipietz (Français, Verts / ALE)
J. Maaten (Néerlandais, ELDR)
Cecilia Malström (Suédoise, ELDR)
José Maria Menoiluce Pereiro (Espagnol , PSE)
Reinhold Messner (Italien, Verts)
Enrique Monsonis Domingo (Espagnol, ELDR)
Jean-Thomas Nordmann (Français, ELDR)
Marco Pannella (Italien, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Béatrice Patrie (Française, PSE)
Berad Possett (Allemand, PPE)
Pronk (Néerlandais,PPE-ED)
Luis Queiro (Portugais, UEN)
Mayol i Raynal (Catalan, Verts)
José Ribeiro e Castro (Portugais, UEN)
Michel Rocard (Français, PSE)
Alexander de Roo (Néerlandais, Verts)
José Ignacio Salafranca (Espagnol, PPE-ED)
Sanders-ten Holte (Néerlandais, ELDR)
Marielle de Sarnez (Française, PPE)
Elisabeth Schröder (Allemande, Verts)
Dirk Sterckx (Belge, ELDR)
Charles Tannock (Britannique, PPE)
Maurizio Turco (Italien, Parti radical / Liste Emma Bonino)
Jaime Valdivielso (Espagnol, PPE)
Joan Vallvé (Catalan, ELDR)
Bob van den Bos (Néerlandais, ELDR)
Johan Van Heche (Belge, ELDR)
Graham Watson (Britannique, ELDR)
Jan Marinus Wiensma (Néerlandais; PSE)
Anne Van Lancker (Belge, PSE)
Ari Vatauen (Finlandais, PPE)
Matti Wuori (Finlandais, Verts)
Astrid Lulling (Luxembourgeoise, PPE)