De nouveaux prédateurs de la liberté de la presse élus au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Plusieurs pays parmi les pires ennemis de la liberté de la presse vont faire leur entrée au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Reporters sans frontières (RSF) appelle les grandes démocraties à se mobiliser pour ne pas laisser ces pays dicter les futurs standards internationaux en matière de droits humains.
Trois des pires prédateurs de la liberté de la presse, la Chine, la Russie et Cuba, vont siéger au Conseil des droits de l’homme (CDH) pour trois ans à compter du 1er janvier 2021, après avoir été élus ce mardi 13 octobre par les membres de l’Assemblée générale des Nations unies. D’autres pays parmi les plus mal situés au Classement mondial de la liberté de la presse 2020, l’Ouzbékistan (156e), le Pakistan (145e) et le Mexique (143e), font également partie des 15 nouveaux pays qui étaient appelés à être désignés pour compléter les 47 sièges du CDH. Seule l’Arabie saoudite n’a pas recueilli suffisamment de voix pour remporter l’un des quatre sièges vacants en région Asie-Pacifique.
"Il est honteux que la Chine, la Russie et Cuba fassent partie d’un conseil chargé de défendre les droits humains. La seule manière d'échapper au ridicule serait que ces pays profitent de leur présence au sein du CDH pour faire des progrès, notamment en matière de liberté de la presse, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Quant à l'Arabie saoudite, après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi et alors que 34 journalistes croupissent toujours en prison, il est heureux qu'il n'ait pas été élu.”
Parmi les nouveaux membres figurent :
La Chine, 177e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF, détient actuellement plus de 100 journalistes et blogueurs en prison, souvent dans des conditions qui laissent craindre pour leur vie.
Cuba (171e) reste le pire pays d’Amérique latine en matière de liberté de la presse et impose un monopole d’Etat sur les médias, tout en maintenant sous pression les rares journalistes et blogueurs indépendants.
L’Ouzbékistan (156e) a vu sa situation médiatique progresser ces dernières années, mais les médias subissent encore censure et surveillance dès lors qu’ils critiquent le pouvoir en place.
La Russie, (149e), où l’ensemble des médias hors de la ligne officielle subissent une véritable pression, et dont le réseau internet est désormais sous le contrôle du Kremlin. En outre, la Crimée et la Tchétchénie, entre autres, sont devenus des “trous noirs” de l’information.
La France et le Royaume-Uni, qui occupent respectivement la 34e et la 35e place au Classement mondial de la liberté de la presse, ont également été élus pour représenter la région Europe.
Parmi les pays réélus figurent :
Le Pakistan, (145e), où les médias, sous l’emprise du pouvoir militaire, des services secrets, sont victimes de cybercensure, et les journalistes fréquemment harcelés. En 2019, quatre d’entre eux sont morts dans l’exercice de leur fonction.
Le Mexique (143e) demeure le pays le plus dangereux au monde pour les journalistes. Pris en étau entre les organisations criminelles et certaines autorités politiques et administratives, ceux qui se risquent à enquêter sur des sujets sensibles subissent menaces et répression ou sont tout simplement exécutés.
Bien que la résolution 60/251 de l’AG des Nations unies, qui a créé le CDH, demande aux Etats qui votent de tenir compte des “contributions des candidats à la promotion et la protection des droits humains”, ces résultats ont été obtenus du fait que seule la région Asie-Pacifique, où 5 pays étaient en lice pour 4 sièges, donnait lieu à une mise en concurrence. Dans les autres (Afrique, Europe orientale, Amérique latine et Caraïbes, et Europe occidentale et autres Etats), le nombre de sièges correspondait au nombre de candidats. Les Etats membres sont élus directement et individuellement au scrutin secret à la majorité des membres de l’Assemblée générale.