Turquie : Ahmet Altan et Nazlı Ilıcak enfin libres mais pas acquittés
Reporters sans frontières (RSF) salue la libération sous contrôle judiciaire d’Ahmet Altan et de Nazlı Ilıcak, après plus de trois ans de détention. Mais les célèbres journalistes turcs restent condamnés à des peines lourdes et injustifiées.
Leur libération, lundi 4 novembre, met fin à une période pénible pour eux et leurs familles. Arrêtés en septembre 2016, Ahmet Altan et Nazlı Ilıcak ont été jugés en seconde instance par la 26e cour d’assises d’Istanbul. Celle-ci les a condamnés respectivement à 10 ans et demi de prison et huit ans et neuf mois pour “assistance à une organisation terroriste”, tout en ordonnant leur remise en liberté sous contrôle judiciaire en raison des années déjà passées derrière les barreaux. Ils ne peuvent pas quitter le pays.
RSF était présent tout au long de leurs procès. Le tribunal a infligé ces dernières peines sur la base de l’article 220 alinea 7 du code pénal turc, qui punit d’au moins 7 ans et demi d’emprisonnement le soutien à une organisation illégale, même sans appartenir à sa structure. Les avocats d’Ahmet Altan ont décidé de faire appel.
“La libération d’Ahmet Altan et de Nazlı Ilıcak sous contrôle judiciaire est un soulagement, mais les peines auxquelles ils sont condamnés restent lourdes et injustifiées, souligne le représentant de RSF en Turquie Erol Önderoğlu. Nous demandons à la justice d’acquitter ces journalistes. Nous appelons aussi le gouvernement turc à réviser dans les plus brefs délais l’article 220 du code pénal : son imprécision est largement exploitée pour réduire au silence les représentants des médias, depuis son entrée en vigueur en 2005.” La révision de cet article pourrait s’inscrire dans la réforme de la justice, dont le premier paquet a été adopté par le parlement le 17 octobre.
La cour d’assises a par ailleurs acquitté Mehmet Altan, le frère d’Ahmet Altan, en mesure désormais de réclamer réparation. Le journaliste a passé près de deux ans ans en prison pour rien.
La Turquie occupe la 157e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
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