Tunisie : le harcèlement judiciaire contre le journaliste Khalifa Guesmi doit cesser
Le journaliste de Mosaïque FM, Khalifa Guesmi, vient d’être arrêté à Kairouan et incarcéré à la prison de Mornaguia à Tunis. Sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis mai dernier, il est poursuivi pour avoir refusé de révéler ses sources dans le cadre d’une enquête journalistique. RSF appelle à sa libération immédiate et à l’arrêt du harcèlement qu’il subit depuis trop longtemps pour avoir exercé son métier en toute indépendance.
Vivant en quasi clandestinité depuis le 16 mai dernier, date de sa condamnation à cinq ans de prison ferme, Khalifa Guesmi a été arrêté dans sa ville natale de Kairouan, à 150 km au sud-ouest de Tunis, par une patrouille de police dimanche 3 septembre. Le journaliste de la radio privée Mosaïque FM a été transféré à Tunis, et placé en détention à la suite de sa comparution le lendemain devant un juge de la cour d'appel.
Le journaliste est accusé de “divulgation d’informations” en violation des dispositions de la loi antiterroriste et du Code pénal. Les autorités lui reprochent la publication d’un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste dans la ville de Kairouan, au centre de la Tunisie, sur le site d’information en ligne de Mosaïque FM en mars 2022. Les avocats de Khalifa Guesmi ont démontré l’inanité des accusations, en vain. Il est désormais clair que les autorités s’acharnent sur le journaliste parce qu’il a purement et simplement refusé de révéler ses sources.
“La protection des sources est fondamentale pour le métier de journaliste. Les persécutions subies par le journaliste Khalifa Guesmi, à ce titre, sont insupportables. Les autorités tunisiennes doivent mettre fin à ces pratiques de musèlement des professionnels de l’information, rappelant les heures terribles, de la dictature et de l'autoritarisme. La prochaine échéance est cruciale : la Cour de cassation doit accepter le pourvoi de l’unique journaliste aujourd’hui en détention dans le pays, et reconsidérer ce dossier afin que Khalifa Guesmi soit rapidement libéré de toutes charges à son encontre.
Journaliste au sein de Mosaïque FM, Khalifa Guesmi, aujourd’hui âgé de 48 ans, et ancien reporter au quotidien Chourouk et des chaînes de télévision Attessia TV et Carthage+, s’est distingué avec ses enquêtes et ses reportages sur des sujets de société et relatifs aux enjeux sécuritaires du pays. Guesmi est condamné aujourd’hui à cinq ans de prison ferme, une peine lourdement aggravée par la cour d’appel de Tunis. En première instance, Khalifa Guesmi avait été condamné à un an de prison ferme sans mandat de dépôt. Il est désormais dans l’attente de l’acceptation ou non de son pourvoi auprès de la cour de cassation.