Trois journalistes tués en couvrant une campagne de sensibilisation à l’épidémie d’Ebola
Organisation :
Les corps de huit personnes, dont trois journalistes, ont été retrouvés le 18 septembre 2014 après qu’une mission de sensibilisation au virus Ebola a tourné au lynchage. Dans ce contexte de crise aiguë, le journalisme est plus que jamais un métier à risque.
Dans les régions où sévit l’épidémie d’Ebola, les journalistes font eux aussi les frais de la psychose qui enfle jour après jour. Le 16 septembre, une campagne de sensibilisation à la lutte contre le virus Ebola a eu lieu dans la préfecture de N’Zérékoré. Menée par le gouverneur de la région, la délégation était accompagnée de journalistes. La rencontre a viré au cauchemar : d’après les autorités, des villageois hostiles s’en sont violemment pris aux visiteurs. Le bilan est d’au moins huit morts, parmi lesquels trois journalistes, dont les corps ont été retrouvés le 18 septembre dans le village de Womé.
Il s’agit de Facély Camara, journaliste à Liberté FM N’Zérékoré, Molou Chérif, technicien à la radio rurale de N’Zérékoré, et Sidiki Sidibé, technicien stagiaire de la même radio.
« Nous déplorons la mort de ces trois journalistes et des membres de l’équipe de sensibilisation, déclare Reporters sans frontières. Nous prenons acte de la promesse du Premier ministre guinéen que ces crimes ne resteront pas impunis. Nous demandons aux autorités et aux rédactions de prendre toutes les mesures possibles pour protéger les journalistes, qui remplissent une mission fondamentale d’information dans ce contexte de crise sanitaire ».
Bien que les circonstances des assassinats ne soient pas encore entièrement établies, la peur des villageois serait en cause. D’après les premiers éléments disponibles, les habitants auraient accusé la délégation de propager le virus et de faire la propagande des Blancs.
Alors que face à l’épidémie, le besoin d’information est plus que jamais criant, les tentatives de museler la presse se multiplient à travers les pays d’Afrique de l’Ouest touchés par le virus, comme au Libéria où plusieurs médias ont été inquiétés par les autorités.
La Guinée est en 102ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
(photo: un homme lavant ses mains pour prévenir la transmission du virus Ebola, Conakry - AFP/ CELLOU BINANI)
Publié le
Updated on
20.01.2016