Dans un courrier daté du 18 avril 2005, Reporters sans frontières a demandé au président de la Cour pénale du Caire, Almohamady Qonsoah, d'annuler la condamnation à un an d'emprisonnement et à une lourde amende prononcée à l'encontre des trois journalistes du quotidien indépendant al-Masri al-Youm.
« Tenant compte de la promesse faite par le président Hosni Moubarak aux journalistes en février 2004 sur l'abolition des peines de prison pour les "délits de publication", nous faisons aujourd'hui appel au bon sens de la justice égyptienne. Le chef de l'Etat avait annoncé sa décision au président du Syndicat des journalistes égyptiens, Galal Aref, précisant qu'il allait soumettre à l'Assemblée du peuple égyptien (Parlement) un projet de loi en ce sens », a déclaré Reporters sans frontières.
« Condamner des journalistes à une peine de prison pour diffamation va à l'encontre de la Constitution égyptienne qui garantit en théorie la liberté de la presse et des standards internationaux ratifiés par l'Egypte, particulièrement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. L'Egypte ne saurait jeter ses journalistes en prison, alors qu'elle souhaite montrer sa volonté de faire progresser la situation des droits de l'homme. Nous demandons donc à la Cour pénale du Caire d'annuler la peine de prison prononcée contre les trois journalistes. »
Alaa Yehya Mohamed (alias "Alaa el-Ghatrifi"), Youssef Taha Abdel Rahman (alias "Youssef el-Aoumy") et Abdel Nasser Ali (alias "Abdel Nasser el-Zouhairy") ont été condamnés, le 17 avril 2005, par un tribunal du Caire à un an de prison et à une amende de 10 000 livres égyptiennes (environ 1 340 euros) pour diffamation. Joint au téléphone par l'organisation, le rédacteur en chef, Hisham Kassem, a exprimé la volonté des avocats de se pourvoir en cassation. Ils disposent d'un mois pour le faire.
Ibrahim Suleiman, ministre du Logement, avait porté plainte auprès du procureur de la République, Maher Abdel Wahed, pour diffamation suite à un article publié le 18 août 2004, intitulé « Le bureau d'Ibrahim Suleiman perquisitionné ».
Cet article faisait référence à une enquête pour corruption mettant en cause le beau-frère du ministre. Il mentionnait que le bureau du ministre avait été perquisitionné par la police et qu'il lui était désormais interdit de s'y rendre. Le lendemain, le journal avait publié une déclaration officielle du cabinet du ministre, démentant l'information.
L'Egypte fait toujours partie des dix-neuf pays du monde dans lesquels des journalistes sont sous les verrous. Depuis le 30 octobre 1993, Abd al-Munim Gamal al Din Abd al Munim, du bihebdomadaire pro-islamiste Al-Sha'ab, est sous le coup d'une ordonnance de placement en détention sans précision de durée.
Bien qu'il n'y ait aucune preuve contre lui et qu'il n'ait jamais été impliqué dans des actions violentes, les autorités le considéreraient comme un islamiste susceptible de représenter une menace pour la sécurité nationale.